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23 octobre 2013 3 23 /10 /octobre /2013 01:59

MONENEMBO_Tierno1.jpg« On n’arrête pas Voltaire », disait le général de Gaulle. On était en mai 68, la belle époque où des milliers de graffitis sentant bon les fleurs, la poésie et la liberté recouvraient les murs de France… « L’imagination au pouvoir ! Sous les pavés, la plage ! Il est interdit d’interdire ! » ... La Sorbonne occupée, les bureaux vides, les usines fermées ! Paris sous les gaz lacrymogènes et les combats de rue ! C’était la révolution, une révolution à l’inverse de celle de Danton et de Robespierre, de Bakounine et de Staline, une révolution des mœurs, une révolution de l’imaginaire, une révolution des mots ! La vieille France tremblait sur ses bases et « l’homme du 18 juin » s’apprêtait à s’enfuir à Baden-Baden » sous la huée des potaches. C’est sur ces entrefaites que le ministre de l’Intérieur s’en vint à l’Elysée proposer la tête de Jean-Paul Sartre, l’instigateur présumé de la « chienlit ». « On n’arrête pas Voltaire », lui répondit de Gaulle encore lucide et soucieux de culture malgré la gravité de l’heure.

 

Mais pourquoi bon sang, nous rappeler cet épisode français si vieux et si loin de nos préoccupations ?, me direz- vous. Pour en venir à la question du jour justement, celle qui est sur toutes les lèvres ici à Conakry : l’arrestation injustifiée de notre compatriote Mamadou Billo Sy Savané qu’au lycée, nous avions surnommé Sartre parce qu’il nous écrasait tous en philosophie. Voilà pourquoi, noir de colère et d’indignation, je m’autorise à paraphraser de Gaulle.

 

Hélas, la vie politique guinéenne est tellement imbécile, tellement infantile, tellement sordide que très vite, le dégoût l’emporte sur la colère et la lassitude sur l’indignation. Ceux qui nous dirigent depuis 1958 ne font pas que nous voler, nous tuer, nous insulter et nous diviser. Pire : ils nous méprisent. Ils nous blessent dans notre amour- propre, ils nous ridiculisent aux yeux des autres nations.

 

C’est cela : ridicule, le mot qui convient le mieux à la Guinée ! Ridicule ! Pas le peuple, pas la nature, pas les hommes (encore moins les femmes). Ridicule par la faute de cet Etat archaïque et mesquin qui, aux grandes questions de l’Histoire, ne sait apporter rien d’autre que l’arrogance et la crasse, la potence et la trique. Fiel et pus, mares de sang et vallées de larmes, voilà en quelques mots, le bilan de notre Indépendance. A croire que notre peuple ne mérite que le bâton, le bâton, le bâton, jamais la carotte ! Jamais le confort, jamais le respect, jamais la dignité, jamais la justice, jamais la liberté !...

 

Quelle différence entre l’arrestation de Fodéba Keïta, la pendaison de Barry III, l’assassinat de Diallo Telli, le meurtre de Diarra Traoré et l’emprisonnement de notre Sartre national ? Aucune ! Pour une fois c’est la continuité dans un pays plutôt habitué aux ruptures (ruptures d’eau et d’électricité, rupture entre les ethnies, rupture entre le présent et le passé, rupture de la beauté, rupture de la bonté, rupture du bon sens). Continuité d’un système qui a fait de son mépris du genre humain et de son ignorance de la loi, sa véritable raison d’être.

 

Continuité de l’espionnite et de la délation, continuité des milices et des camps de concentration, continuité de la torture et des arrestations de nuit…

 

Alpha Condé n’a pas menti, il a bien pris la Guinée là où Sékou Touré l’a laissée. Nous avons déjà les aveux extorqués sous la torture et les procès radiodiffusés. Nous attendons impatiemment les carnets de ravitaillement et les réunions hebdomadaires du parti-Etat…

 

Apparemment, Monsieur Sy Savané a été arrêté pour avoir critiqué le régime sur une radio privée. A ce compte-là, c’est toute la nation guinéenne qu’il faudrait arrêter car ce que Sartre a dit, c’est exactement cela que l’on entend dans les taxis, dans les marchés, dans les mosquées et dans les bars (à Boké comme à Benty, à Forécariah comme à Faranah, à Macenta comme à Mamou, à Kouroussa comme à Kankan, à Yimbéring comme à Yomou) : ce régime est tribaliste, corrompu, incompétent ; notoirement incompétent, pathétiquement incompétent, pathologiquement incompétent.

 

On appelle un chat, un chat, Monsieur Alpha Condé, et personne sur terre ne peut empêcher qu’on le dise.

 

Tierno Monénembo

 

PS : Mon vieux Sartre, j’apprends au bout de ces lignes que les petits potentats qui nous gouvernent t’ont enfin libéré. Très bien. Fais gaffe tout de même. La liberté chez nous a toujours été provisoire. Alors, fais comme moi : tiens ta valise prête, laisse ta porte ouverte et surtout, ne dors pas du sommeil du juste (ce mot-là n’a aucun sens ici). En attendant, bienvenue en Absurdistan, espèce de séquestré d’Altona !

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16 octobre 2013 3 16 /10 /octobre /2013 21:59

DIALLO_I_Kyle_7_01.jpgJ’aurais bien voulu attendre la proclamation officielle des résultats du scrutin du 28 septembre 2013 avant de donner mon point de vue sur cette mascarade. Il est vrai qu’en vertu de l'article 164 du code électoral, « le président de la Céni proclame les résultats provisoires dans un délai maximum de 72 heures ». Mais comme on se conduit sans code en Guinée, tout le monde attend fébrilement le moment où AC va dévoiler le nombre de ses députés à l’Assemblée « nationale ». Pour l’instant chaque camp crie victoire. Une habitude bien répandue, pas seulement en Guinée.

 

Je ne m’étends pas sur les conditions inacceptables dans lesquelles les législatives ont été organisées : maintien de l’opérateur sud-africain Waymark (incompétent techniquement et surtout partial moralement), Céni qui n’a jamais mérité le « I » qu’elle comporte, fichier faussé dès le départ (on y a supprimé considérablement de vrais électeurs dans les fiefs dits de l’opposition et on y a ajouté massivement des électeurs fictifs pour favoriser le pouvoir), etc.

 

Entre AC (Alpha Condé), ses BV (bureaux de vote) et les PV (procès-verbaux), il n’est pas facile de voir clair ! Pour l’instant, je me contente d’un constat s’articulant autour de 5 points :

 

1) AC a été désavoué

 

Légalement, AC est le président de la République puisqu’il avait été proclamé vainqueur en 2010 par la Cour suprême. Le problème, c’est qu’on ne peut même pas dire qu’il a perdu toute légitimité car il n’en a jamais eue. On a vu des leaders portés au pouvoir dans des conditions discutables mais qui ont acquis, au cours de leur mandat, une reconnaissance et un respect de la part de leurs concitoyens. Ce n’est pas le cas d’AC, présent en Guinée mais distant des Guinéens.

 

Ce président du pays et du Rpg, dispose de l’administration, des finances, des forces de défense et de sécurité et des médias d’Etat. S’il n’a pas, avec tous ses atouts, un score de type soviétique, c’est qu’il est tout à fait rejeté par la grande majorité des Guinéens.

 

2) L’opérateur Waymark s’est montré techniquement incompétent

 

Que n’a-t-on pas dit sur les qualités supposées de cet opérateur ? Il vient de prouver son incapacité à sortir les résultats voulus par le pouvoir pour lequel il travaille. Aurait-il avalé des données trop indigestes ? Ses kits seraient-ils des kystes ? Il y a manifestement tromperie sur la marchandise et AC devrait dire : « remboursez ! ».

 

3) La Céni est désorientée

 

Cette institution, inféodée à AC, avait pour objectif, non pas d’organiser des élections libres et transparentes mais de faire gagner le Rpg. C’est un échec qui coûtera cher à son président Bakary car le dictateur Condé n’a pas la réputation de faire de cadeau à ceux qui le trahissent, même involontairement. La Céni a beau tourner et retourner la situation dans tous les sens, elle n’a que le tournis car elle ne peut plus « tricher en rond ». Elle s’est discréditée au point de se réduire à un simple Comité Electoraliste Nuisible et Indigne.

 

4) L’opération « Manden Djallon » a échoué

 

Ce concept empoisonnant a été fabriqué de toutes pièces par le « Klan Condé » en vue de diviser le Fouta Djallon en mini Bantoustans, d’y semer la panique pour régler ce qu’il appelle le « problème peul ». La mayonnaise, ou plutôt le soumbara, n’a pas pris ! Les « roundés » (villages ancestraux) ont infligé à AC un bon coup dès le premier round car ils ont vite compris qu’on leur vendait du « Manden Djanfa ».

 

5) L’opposition ne peut se prévaloir d’une victoire

 

Ce point n’est pas en contradiction avec le premier. En réalité, ce n’est parce que le pouvoir a été désavoué que l’opposition a nécessairement gagné. L’arithmétique politique est beaucoup plus subtile.

L’opposition semble avoir limité les dégâts. C’était son objectif secret et elle l’a atteint. Elle est largement majoritaire dans le pays mais elle n’a jamais su rentabiliser ses atouts. Lorsque l’unité n’est que de façade elle ne tient pas longtemps car chacun ne pense qu’à ses intérêts personnels.

 

·         El hadj Fodé Soumah, dépité de ne pouvoir être député, a déjà pris ses distances en projetant quelques postillons sur le visage de ses camarades d’hier.

 

·         Lansana Kouyaté, incapable de marquer son territoire et lésé dans son propre fief de Haute Guinée par un pique-assiette insatiable qui ne tolère aucun autre caïman dans son marigot, aura bien du mal à se caser dans la nouvelle configuration politique.

 

·         Sidya Touré, hier capitaine sans troupes, vient de renaître, non pas de ses cendres mais de l’effacement négocié de ses associés et serait en passe d’être l’interlocuteur privilégié d’AC dans le dialogue pouvoir/opposition.

 

·         Cellou Dalein Diallo n’a pas su maximiser tout le potentiel de l’Ufdg qui pourrait ainsi n’être que le groupe majoritaire d’une coalition minoritaire. Tout dépendra du résultat de Matoto. Maigre consolation ! L’opposition étant devenue nettement bipolaire avec la renaissance de Sidya (ce qui n’est pas non souhaitable), le Pr AC, spécialiste de la zizanie, va bien lui donner des devoirs pénibles pour l’occuper à la maison. Lorsque des dirigeants se rencontrent pour discuter, ils ne se regardent pas les orteils mais dans les yeux. Face à AC, il ne faut jamais baisser la tête.

 

Dans ces conditions, que devrait faire l’opposition ?

 

D’abord, être cohérente avec elle-même. Comment peut-elle dire qu’elle est victorieuse et demander en même temps l’annulation pure et simple du scrutin ? Si elle rejette le scrutin, pourquoi suit-elle à la loupe le décompte de certains bureaux de vote ?

 

Ensuite, utiliser tous les atouts dont elle dispose en se battant avant tout sur le terrain du droit. Je suis étonné de constater la mollesse de l’opposition sur ce plan. AC viole en permanence la Constitution guinéenne mais l’opposition ne prend aucune des armes disponibles pour le combattre. Les droits de l’homme sont bafoués à longueur de journée mais l’opposition se complait dans sa léthargie alors que la Guinée et la Cédeao sont « juridiquement surarmées ».

 

Enfin, que l’opposition arrête de faire des cadeaux à AC qui ne dispose même plus de place pour les stocker. Chaque fois qu’AC est en difficulté, c’est l’opposition qui l’aide à s’en sortir. Il était au bout du rouleau avec Waymark mais l’opposition a capitulé à la dernière minute, au grand soulagement de la communauté internationale qui aurait dû trouver un autre opérateur à imposer aux deux parties puisque c’est elle qui finance les élections.

 

Nos opposants semblent souffrir de cécité en matière de tactique et de stratégie. A la faveur de leur mollesse, AC a bien géré son agenda. Il sait très bien qu’il n’a pas été élu démocratiquement mais il termine cyniquement un mandat indu car il a réussi à focaliser l’attention de l’opposition sur des législatives qui n’impactent que modérément un régime de type présidentiel. Nos opposants ont peut-être des montres en or mais AC sait mieux lire l’heure. Il pense déjà à l’élection présidentielle de 2015 qu’il compte gagner dès le premier tour alors que nos chers opposants dissertent sur des alliances hypothétiques d’un second tour !

 

Quand nos opposants comprendront-ils qu’AC n’organisera jamais des élections transparentes ? Si, pour les législatives, il a été désavoué, il conserve encore toutes ses capacités de nuisances. A force de magouilles, le Rpg s’est lui-même piégé. Mais ce n’est pas parce que le coq qui constitue son emblème apparait momentanément comme un oiseau exhibitionniste à la crête saignante et au plumage rare qu’il faut vite l’enterrer. Avec le loup Condé, il ne faut jamais jouer au mouton, surtout le jour de la Tabaski.

Je vous salue.

 

Ibrahima Kylé Diallo

Responsable du site www.guineeweb.net

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16 octobre 2013 3 16 /10 /octobre /2013 01:42

BOKOUM_El_Hadj_Saidou_Nour__12_01.jpgM. Alpha Condé a été élu dans les conditions que l’on sait. Il a été légitimé d’abord par son principal adversaire, avant d’être légitimé par l’ensemble du peuple de Guinée : on ne peut pas « le chasser ». Notre régime est ultra-présidentiel.

 

Les législatives ont été organisées dans les conditions que l’on sait, dans une paix presque inconnue dans la sous-région. Un miracle.

 

Les vrais résultats ne permettent même pas au Président d’avoir une majorité relative, tout au plus 54 députés. Les vrais résultats devraient donner une majorité des deux tiers à l’opposition républicaine, au moins 76 députés. Pour autant, on ne peut pas « chasser » le président ; car encore une fois, nous sommes dans un régime présidentiel. Que faire ?

 

Planter des choux est déjà imiter quelqu’un

 

Et en l’espèce, imiter la France de Mitterrand-Chirac, celle de Chirac-Jospin, ne serait pas une innovation, ni un je ne sais quel retour au néocolonialisme. C’est l’Histoire, je dirais c’est le Tout Puissant, n’était que nous sommes dans un Etat laïque. Donc pas besoin de monter si haut. Soyons simplement capables d’être un peu Gaulois, un peu British.

 

Donc un gouvernement responsable devant l’Assemblée nationale, qui « détermine » la politique générale, etc. (voir constitution française de 1958). Le premier ministre est choisi, « proposé » par la majorité parlementaire, mais le président est théoriquement libre de prendre qui il veut. On se souviendra de la menace à peine voilée du subtil Mitterrand : il avait laissé entendre qu’il pourrait choisir Balladur (?) si Chirac en faisait trop. Certes, le président ne pourrait pas choisir n’importe qui : il faudrait un accord plein et formel de la majorité parlementaire.

 

Il n’y a pas d’autre solution pour nous éviter la guerre civile. Pour les détails, nos constitutionnalistes, les ambassadeurs de France et des USA, last but not least, les bons journalistes « positivistes », doivent plancher sur cette idée apparemment simpliste.

J’ai fini pour moi.

 

Wa Salam,

 

El Hajj Saïdou Nour Bokoum

www.nrgui.com Nouvelle République de Guinée

 

NB : évidemment un gouvernement de cohabitation n’a presque rien à voir avec un gouvernement d’union nationale, à l’esprit sincèrement patriotique près.

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5 octobre 2013 6 05 /10 /octobre /2013 21:18

kaba-kl-1Depuis la publication de mon appel du 30 Juillet 2013 pour la création d’un vaste mouvement citoyen à but unique: l’abolition de l’esclavage au Foutah Djallon, j’ai l’impression d’avoir déclenché chez certains compatriotes négationnistes de cet esclavage chez eux au Foutah Djallon une diarrhée discursive et plumitive qui me surprend, m’inquiète et m’amuse à la fois. La surprise vient du fait qu’il s’agit de concitoyens qui veulent se présenter comme des personnes modernes, des démocrates et des défenseurs des droits humains. Et qui se battent effectivement pour cela, tant qu’il s’agit de leurs intérêts personnels. Mais ce combat devient tout à fait relatif, dès lors qu’il s’agit d’autres compatriotes « domestiqués » en silence, mais qui possèdent pourtant les mêmes droits et devoirs constitutionnels qu’eux. Mon inquiétude s’explique par le constat de l’aveuglement de ces individus à vouloir défendre à tout prix un système arriéré et criminel, en niant son existence. Le côté amusant de cette réaction repose sur la peur qui s’empare de certains, car la prise de conscience des victimes de ce système hideux, signifie la fin d’une domination de type colonial qui dure depuis près de trois siècles, en vase clos, pour ainsi dire, à l’intérieur de la République de Guinée. Ces réactions épidermiques vont de l’injure la plus grossière, aux accusations d’ignorance sur la société et les mœurs du Foutah Djallon, en passant par les menaces autant voilées qu’exprimées dans les termes les plus virulents contre ma personne. Sur le Net, certaines caricatures me décrivent en « singe bonobo » ou en « Waffen SS-RPG ». La perte du contrôle de soi et la panique que provoque cet appel chez certains est le signe que j’ai frappé le cœur du système, en disant la vérité, car c’est elle qui fait mal.

 

Du côté de l’hebdomadaire satirique « Le Lynx », en particulier, j’ai modestement eu droit à trois articles dans le numéro 1115 du 26 août 2013 sur deux pages ! Ce qui constitue un exploit à enregistrer dans le « Guinness des hommes célèbres en Afrique ». D’autres contradicteurs se sont illustrés sur le Net et dans les radios locales à Conakry. Eh bien tant pis pour les esclavagistes. Ils ne pourront plus se cacher derrière des formules hypocrites du genre « Haali Pular », pour clamer une quelconque « communauté » entre le maître et l’esclave. Du temps du consensus national sur le « non » au référendum du Général De Gaulle en 1958, le Secrétaire général du PDG-RDA, Sékou Touré, a tourné en dérision la « Communauté franco-africaine » chère au Général et au Président Houphouët-Boigny, en l’appelant la « communauté du cavalier et de son cheval ». En effet il ne peut pas y avoir la moindre communauté de destin entre le maître et son esclave qu’il a spolié de ses terres, privé de sa culture et de sa langue, dressé comme un animal, et qu’il continue de traiter en moins que rien. Comme c’est le cas aujourd’hui au Foutah Djallon (Moyenne Guinée) pour les Djallonka, les Maninka et les Pulli, et nulle part ailleurs en République de Guinée. L’ignorance que mes contradicteurs manifestent à l’égard de l’histoire de leur propre région naturelle ne pourrait justifier leur arrogante cécité. Avant toute autre réflexion sur ce thème, je vais exposer ci-dessous une bonne douzaine d’exemples pour illustrer mon propos, afin que l’on sache qu’il ne s’agit pas de « cas isolés ou fortuits », comme pourraient le penser certains esprits simplistes :

 

Pour ceux et celles qui ne le savent pas, le Regroupement des Guinéens en Europe (RGE), était un mouvement d’opposition au régime du PDG, qui a été créé le 1er mai 1970 à Francfort/M., en Allemagne Fédérale, sur l’initiative de trois compatriotes : Tirmiziou Diallo, Mansour Kaba et Thierno Aliou Bah qui représentait Siradiou Diallo (paix à son âme). En 1972, ce mouvement s’est baptisé « Regroupement des Guinéens à l’Extérieur » (RGE). C’est ce mouvement qui m’a affecté en Côte d’Ivoire en 1972, pour participer à l’organisation de l’opposition dans ce pays, en équipe avec Thierno Aliou Bah et  Lambert Doré (paix à son âme). Il m’aura fallu démissionner de mon travail d’Ingénieur en Génie civil en Allemagne, pour venir à l’aventure en Côte d’Ivoire, à mes frais, sans emploi, ni revenus garantis par ailleurs. Ce groupe qui a été rejoint plus tard par d’autres amis venus d’Allemagne, Bakary Goyo Zoumanigui et N’Faly Kourouma, a mobilisé un bon nombre d’étudiants guinéens à l’université d’Abidjan, parmi lesquels Souleymane Diallo, fondateur et directeur de publication de l’hebdomadaire « Le Lynx » et Alpha Sidoux Barry, un autre contradicteur zélé de mon appel susvisé. En dehors de ces relations de militantisme, je ne me souviens pas avoir eu le moindre problème, ni aucun compte de quelque nature que ce soit à régler avec ces deux jeunes compatriotes. Ces deux frères étaient étudiants à l’université d’Abidjan, au début des années 1970, alors que moi, j’avais obtenu un emploi en qualité de directeur général-adjoint du plus grand bureau d’études privé créé par un citoyen Ivoirien, le Cabinet INTRADEP. C’est ce bureau d’études qui a géré sous ma direction, de 1972 à 1978,  la plupart des grands projets immobiliers du gouvernement (ministère de l’Habitat et ministère de la Défense) et des sociétés d’Etat comme la SOGEFIHA (Société de Gestion financière de l’Habitat) et la SETU (Société d’Equipement des Terrains urbains) en Côte d’Ivoire. Et depuis 35 ans, je dirige mon propre bureau d’études, qui a conçu et géré la réalisation de plusieurs dizaines de grands projets de développement dans plus de vingt pays d’Afrique et d’Asie. J’ignore par ailleurs tout sur les autres négationnistes qui se donnent du poids, en racontant à volonté sornettes et balivernes sur ma personne, au lieu de donner des arguments objectifs contre ma déclaration. Voici le premier cas révoltant, tiré des activités du RGE :

 

Appelons-le par son patronyme, M. Camara. Il est originaire de Mamou. Je le connais depuis 1953, à l’internat de Conakry-Donka. Il est de la même promotion que le Premier ministre Jean Marie Doré. Venus à Paris pour participer à une réunion du bureau exécutif national du RGE au domicile de son président, feu Siradiou Diallo, (paix à son âme), mes amis Daniel Doré et son frère feu Lambert Doré (paix à son âme) trouvent M. Camara accroupi dans le couloir face au salon de l’appartement de Siradiou Diallo. Daniel s’étonne de ce qu’il venait de voir et interroge son frère Lambert qui était, en ces temps-là, l’un des principaux lieutenants de Siradiou Diallo. Celui-ci lui glisse à l’oreille : « C’est probablement un esclave ! ». Ce qui étonne le plus, c’est que notre compatriote M. Camara est un universitaire sain d’esprit qui enseigne dans une université en Allemagne Fédérale. Si l’esclavage n’existait pas au Foutah Djallon, et si « les communautés de cette région vivaient en totale communion et harmonie », comme le dit Alpha Sidoux Barry, je voudrais bien savoir quelle est la force invisible qui empêche un collègue de promotion de Siradiou Diallo d’accéder à son salon, à Paris, en France, et l’oblige à s’accroupir dans le couloir pendant toute la durée de la réunion, au lieu de s’asseoir dans un fauteuil du salon comme les autres ? C’est en fait le résultat de près de trois siècles de domination impitoyable, de dépersonnalisation de l’esclave, de dressage et de lavage de cerveaux pire que sous l’apartheid en Afrique du Sud. Il faut effectivement un très haut degré de cruauté pour amener des êtres humains comme soi-même, à se plier à des comportements dignes d’animaux domestiques.

 

« Le petit parti familial DYAMA qui a été créé par Mansour Kaba » (dixit Alpha Sidoux Barry) avait, dans son organigramme pour la Moyenne Guinée, un coordinateur régional pour le nord du Foutah Djallon à Labé et un autre pour le sud du Foutah Djallon à Mamou. Au cours de la campagne électorale pour les élections législatives de juin 1995, notre coordinateur à Mamou, feu le capitaine Thierno Diallo (paix à son âme), me fait la remarque suivante, alors que nous étions en route pour aller saluer feu El Hadj Boubacar Barry (paix à son âme), petit-fils de l’Almamy Bocar Biro : « Président, vous avez commis une erreur en désignant Moundjirou Barry (paix à son âme) comme Secrétaire général du Parti DYAMA. Ce numéro deux de notre Parti ne pourra rien nous apporter au Foutah Djallon, car c’est un esclave. Comme nous allons chez El Hadj Boubacar Barry, faites attention à l’endroit où il va s’asseoir, et là où moi, je vais m’asseoir ». Après les salutations d’usage, Moundjirou s’est effectivement assis sur la première chaise disponible à l’entrée du salon, alors que le capitaine s’était installé sur le même divan que notre hôte, au fond du salon. Nous nous sommes regardés un moment et le capitaine m’a fait le signe du doigt sous l’œil qui veut dire : « Voyez vous-même ce que je vous ai dit !» Et c’est naturellement lui qui était l’interlocuteur du descendant de l’Almamy Bocar Biro Barry.

 

C’est au cours d’une conférence avec des compatriotes et des Africains résidant à Berlin en Allemagne en 2011, que j’ai, pour la première fois, dénoncé publiquement l’esclavage au Foutah Djallon. Au cours des débats qui ont suivi mon exposé, un compatriote dont je ne donnerai ici que le patronyme, M. Barry, prit la parole pour manifester, de manière tout à fait innocente, son étonnement par rapport au phénomène que je venais de dénoncer. M. Barry dit à l’assistance qu’il était originaire du Foutah Djallon, mais qu’il n’avait jamais constaté le moindre fait qui puisse correspondre à de l’esclavage chez lui en Moyenne Guinée. Ce qui laisse supposer que je mentais, comme le dit superbement l’hebdomadaire satirique « Le Lynx » n° 1115  du 26 août 2013. J’ai dû répliquer en demandant à M. Barry, si toutefois ses remarques étaient sincères, de bien ouvrir les yeux et les oreilles lors de ses prochaines visites en Guinée.

 

Quelques jours plus tard, alors que j’étais déjà revenu en Guinée, M. Barry se retrouve en compagnie d’un compatriote, M. Magassouba, le premier responsable du Parti DYAMA à Berlin, qui avait co - organisé ma réunion de 2011 dans cette ville historique pour l’Afrique. Au cours de cette soirée récréative, M. Barry a eu le malheur de toucher aux cheveux d’un autre compatriote, comme lui, originaire du Foutah Djallon. Celui-ci s’indigne et s’emporte, en demandant à M. Barry, comment il peut oser toucher à ses cheveux. Ne pouvant retenir sa colère, ce compatriote apparemment Peuhl « noble » lance à M. Barry, en prenant à témoin M. Magassouba : « Barry ! Tu oses toucher à mes cheveux ? Tu veux que je te dise ici en public ce que tu es ? Tu es un esclave ! Si nous n’étions pas en Allemagne, tu sais bien quel serait ton sort ! ». Humilié de la manière la plus brutale en public, M. Barry qui avait, quelques semaines auparavant, nié l’esclavage au Foutah Djallon, s’est retiré tout doucement, sans plus importuner qui que ce soit. Cet exemple et le précédent sont des illustrations de la situation des Pulli qui appartiennent à la première vague d’immigration citée dans mon appel du 30 juillet 2013 et qui sont traités comme des esclaves au Foutah Djallon, bien qu’ils soient eux-aussi Peuhl et qu’ils portent les mêmes patronymes que les « nobles ».

 

Je demande humblement aux « Barry » qui m’insultent ou me critiquent, de bien vouloir consulter leur propre arbre généalogique. Ils pourraient y découvrir des surprises ; cela leur permettra de calmer un tout petit peu leur ardeur négationniste, et, finalement, me donner raison.

 

Dans la préfecture de Tougué, M. Coulibaly reçoit dans son village la visite de compatriotes Peuhl qui venaient de terminer les travaux de construction d’une mosquée à côté de sa concession. Ces visiteurs présomptueux lui demandent le plus naturel du monde de quitter sa maison qu’ils voulaient démolir, parce que, disent-ils, un esclave n’aurait pas le droit d’habiter à côté d’une mosquée. M. Coulibaly rétorque que ce sont les Peuhl qui seraient venus construire leur mosquée à côté de sa concession. Il décide de ne pas bouger. Revenant un jour du travail, M. Coulibaly trouve des gens en train de casser d’autorité son mur de clôture. Son sang ne fait qu’un tour. Il se jette sur la première personne qui était à sa portée. Le frère de celui-ci va chercher une hache pour assommer M. Coulibaly. Ce dernier esquive la frappe et l’agresseur touche son propre frère qui succombe sur le coup. Selon le procès-verbal de gendarmerie que l’avocat de M. Coulibaly m’a donné à lire, le seul argument que les agresseurs ont avancé était que le père de M. Coulibaly était leur esclave. C’est en fin 2012 que M. Coulibaly est sorti de prison, pour un crime qu’il n’a pas commis. Voilà le modèle de « coexistence pacifique et harmonieuse » que M. Alpha Sidoux Barry et ses acolytes négationnistes de l’esclavage au Foutah Djallon veulent nous servir.

 

Dr. Madiou Traoré est pharmacien à Conakry. Il est vice-président de la « Fondation pour la Réunification de Manden-Djallon pour la Paix », qui a été créé et agréé par Arrêté ministériel N° 5180/MDDL/CAB/SACCO/2008 du 22/12/2008. Son village Heremakonon dans la sous-préfecture de Kankalabe, préfecture de Dalaba, au Foutah Djallon, a été considéré dans des travaux topographiques, comme faisant partie des terres de culture d’un Peuhl « noble » et vendu à une tierce personne, qui aurait établi un titre foncier sur cette propriété. Du coup, tous les villageois se trouvent dépossédés de leurs terres ancestrales. Dr. Traoré se bat depuis des années contre cette injustice. Il a même été emprisonné par un magistrat qui a abusé de son pouvoir et qui prétendait que le père de Dr. Traoré était l’esclave de son père. Une commission d’enquête parlementaire a été dépêchée sur le terrain. Elle a donné raison aux villageois et à Dr. Traoré, mais jusqu’à ce jour, la justice suit son cours… L’Etat guinéen et sa justice ont encore beaucoup à faire dans ce domaine. En attendant le verdict, Dr. Traoré reçoit quotidiennement des menaces de mort et des injures d’« esclave ingrat ». Comme si les Djallonka, les Maninka et les Pulli qui sont traités ainsi devraient les remercier de les avoir colonisés et dépossédés de tout : culture, langue parlée, terres et dignité.

 

On a vu récemment le Parlement français débattre des « bienfaits de la colonisation ». Comme si en Guinée, nous devrions un jour, applaudir les bienfaits de l’esclavage des bergers Peuhl immigrés au Foutah Djallon, qui ont colonisé les autochtones et les ont ensuite soumis à un système d’esclavage mesquin et inhumain.

 

Le 13/06/2012, j’ai suivi à Conakry une émission radiodiffusée sur les travaux de modernisation du Bloc A du marché de Koloma, dans la commune de Ratoma à Conakry. Selon ce qui se disait, les plans d’exécution de ce projet étaient approuvés et le financement des travaux semblait assuré. L’avocat Me Tall du barreau de Conakry a, au cours de cette émission, dénoncé des compatriotes qui tentaient de disqualifier des investisseurs nationaux, en prétendant que ceux-ci étaient des esclaves. Il s’agissait naturellement de concitoyens originaires du Foutah Djallon. Comment peut-on chercher à disqualifier un investisseur local, en le traitant d’esclave ? Ceci est un exemple concret de mentalité rétrograde qui milite contre le développement socio-économique de notre pays !

 

Au cours du mois de juin 2013, en venant acheter des fruits chez les vendeuses du marché aux fruits de Kaporo-rails, dans la commune de Ratoma, l’atmosphère était lourde et empestée par une vendeuse qui tempêtait, allait et venait, tout en insultant une collègue qu’elle traitait de « matchudô hudaadô ». Ce qui veut dire « esclave folle ». La gêne était générale et à mes questions sur les motifs de la colère de celle qui se comportait en « noble offensée », personne n’a voulu ou osé répondre.

 

Le Rundè de Kabé dans la préfecture de Koubia, au Foutah Djallon, s’appelle depuis peu le village de Kabé 2. Certains ressortissants de ce village qui ont prospéré dans le commerce chez moi à Kankan, ont construit une belle mosquée dont l’ouverture est retardée, parce que les Peuhl « nobles » refusent de venir l’inaugurer. Et tant que ces dignitaires féodaux ne viennent pas inaugurer la mosquée, elle ne peut pas abriter les prières des croyants.

 

Le Rundè de « Tenguefakha » rebaptisé « Nassroulaye » dans la préfecture de Koubia vient aussi de construire une mosquée dont l’inauguration attend la bonne volonté des Peuhl « nobles ».

 

10. Le troisième exemple de mosquées dont l’inauguration est retardée par les « nobles » se trouve dans le Rundè de Wouppirguel, sur la route de Koubia dans la préfecture de Labé, sous-préfecture de Sannou. On exige ici que l’imam soit un Peuhl « noble » ! Si non, pas de prières dans cette mosquée !

 

11. Un membre de la délégation de la coordination de la Haute Guinée m’a rapporté un événement lié au baptême de l’enfant d’un officier supérieur originaire du Foutah Djallon dont je tairai le nom ici. Cet officier membre du CMRN et membre du premier gouvernement du régime militaire du Général Lansana Conté avait invité des représentants des quatre coordinations régionales résidentes à Conakry. Lorsque la délégation de la Haute Guinée arrivait dans la cour du ministre, un bélier blanc était attaché en bonne place, pour le sacrifice rituel. Et à l’arrivée de la délégation de la Moyenne Guinée (Foutah Djallon), l’on vit les membres de cette délégation se demander comment se fait-il que cet officier ait voulu sacrifier un bélier blanc, en lieu et place du bouc noir qui sied à sa condition d’esclave. D’un tour de mains, le bélier blanc disparut et fut remplacé par un bouc noir qui fut immolé publiquement. C’est parce qu’au Foutah Djallon, les esclaves ne sont pas autorisés à sacrifier des béliers blancs comme leurs maîtres Peuhl « nobles ». Ils doivent sacrifier des boucs noirs pour souligner leur état d’infériorité par rapport à leurs maîtres. Cette règle est exigée quel que soit le niveau de fortune de l’esclave et l’endroit où il vit.

 

12.  M. Barry qui militait dans un grand parti d’opposition à Sanoyah à Conakry, a démissionné de ce parti pour rejoindre un autre parti de la mouvance présidentielle, suite aux remontrances de ses collègues Peuhl « nobles » qui lui reprochaient d’avoir, à l’occasion d’un baptême, immolé un bélier blanc, en lieu et place du bouc noir réservé aux esclaves. Nous devrions un jour, organiser à travers le Foutah Djallon, une caravane nationale pour que des esclaves notoirement connus comme tels, sacrifient dans toutes les villes traversées des béliers blancs, afin de mettre fin à ces pratiques discriminatoires d’un autre âge.

 

13.  Dans cette région, les esclaves ne peuvent accéder à des terres de culture que s’ils attachent la cola pour aller s’agenouiller devant le Peuhl « noble » qui lui accorde le droit d’exploitation pour une durée très limitée. Il arrive souvent qu’à la fin de la récolte, le maître vienne s’emparer de toute la production annuelle de l’esclave qui n’a aucun recours en zone rurale. En 2011, Mme le Préfet de Pita, une Djallonka d’origine, dut intervenir énergiquement pour empêcher les exploiteurs oisifs de garder la production des paysans dont ils s’étaient déjà emparée comme à l’accoutumée.

 

14. Ce quatorzième exemple me semble être le plus révoltant. Le dimanche 14 juillet 2013, je rends visite à l’aîné de ma famille qui réside à Conakry depuis plus de cinquante ans. Il fait partie des premiers occupants du quartier spontané de Hamdallaye, dans la commune de Ratoma. Il a géré pendant plus de cinquante ans son propre restaurant populaire au marché de Madina qui est le plus grand marché de Conakry et l’un des plus grands de la sous-région. La société guinéenne pratique généralement ceci de particulier, que ceux qui viennent s’installer dans la capitale cherchent toujours à se regrouper en communautés plus ou moins homogènes. Ces habitants des nouveaux quartiers spontanés reproduisent systématiquement les us et coutumes du village, de telle sorte que l’on n’a pas besoin d’aller habiter dans une région naturelle, pour connaître les modes de vie de ses voisins. Lorsque j’ai commencé à parler de l’esclavage au cours de la visite chez mon frère aîné, il m’a, entre autres, cité le cas d’un de ses voisins Peuhl « noble » à Hamdallaye, qui reçoit à l’occasion de chaque fête de Ramadan et de Tabaski la visite d’un de ses esclaves qui est mécanicien-garagiste à Conakry. En guise de soumission, le visiteur se met à quatre pattes devant le Peuhl « noble » et celui-ci pose ses deux pieds sur son dos. Et c’est ainsi que se déroule la conversation entre les deux compatriotes.

 

Il semblerait que cette pratique ne soit pas un cas isolé. Une grande dame Peuhl, épouse d’un dignitaire du PDG-RDA dont je tairai le nom, avait, elle-aussi, l’habitude de se détendre, en posant ses deux pieds sur le dos de l’une de ses nombreuses « captives domestiques ».

 

Qui peut parler de « communauté » entre ces deux groupes de personnes ? Ce sont justement ces pratiques négationnistes de l’être humain qui divisent le Foutah Djallon et non pas ceux qui, comme, le Président de la République et moi-même, les dénoncent et les condamnent.

 

En plus de ces quatorze exemples tirés de la vie réelle des populations concernées tant en Guinée, qu’à l’étranger, il y a de nombreux témoignages écrits qui confirment la réalité et l’actualité de l’esclavage en ce début du XXIe siècle au Foutah Djallon. Je m’en tiendrai ici à la lettre ouverte de la « Fondation Mandén Djallon » susvisée du 05/08/2010 adressée au Président de la République par Intérim et aux autres institutions républicaines de la période de la Transition, d’une part, et à la réponse cinglante que Dr. Mamadou Baïlo Camara, Enseignant Chercheur à l’Université Le Havre en France, a publiée sur le Net en réponse aux dénégations de notre compatriote Alpha Sidoux Barry, d’autre part :

 

Dans cette lettre ouverte N°39/FRMDP du 05/08/2010 signée par M. Aliou Diao et Dr. Madiou Traoré, respectivement secrétaire administratif et vice-président de la Fondation Mandén Djallon, on peut lire : « Cependant, nous voulons attirer votre attention sur certaines réalités vécues en Moyenne Guinée, avant, pendant et après cette élection (présidentielle de 2010). En effet, notre Fondation a eu à constater les faits suivants: plusieurs cas d´intimidation, d’insultes, de menaces, d´expropriation des terres cultivables, d’agressions physiques, d’arrestations arbitraires et de morts d´hommes. Ces cas se sont produits dans divers endroits dont  notamment à Mitty, Kébaly, Kankalabé  dans Dalaba, à Gongoré dans Pita, à Sanana dans Tougué, à Dounkiba dans Mamou. Tous ces faits ont été menés sur des considérations purement ethniques et „esclavagistes“, qui sont des pratiques anachroniques condamnées partout dans le monde ». Sans commentaires.

 

Dans sa « Réponse à Alpha Sidoux Barry à propos de l’esclavage au Fouta Djallon » publiée le 17/08/2013 sur « guineelive.com/8-actualite/554 », Dr Mamadou Baïlo Camara écrit : « Cher Frère, le 6 août 2013, vous avez publié un article sur le site de « aminata.com » dans lequel vous niez l’esclavage au Fouta Djallon. J’ai l’impression que vous cherchez à régler des comptes avec M. Kaba Mansour, et si c’est le cas, continuez votre besogne sans chercher à nier l’évidence, mon Frère…. » Dr. Camara continue : « M. Sidoux, si vous ne savez pas, je vous informe que l’esclavage existe bien au XXIe siècle au Fouta Djallon. Cette information ne vient pas d’un touriste qui a visité le Fouta Djallon, mais d’un fils de Mamou. Bref, je persiste et je signe à qui veut l’entendre ou pas « que l’esclavage existe bien au XXIe siècle au Fouta Djallon… » Et Dr. Camara insiste en écrivant : « A l’attention de ceux qui ne savent pas, les propos ci-dessous de M. Kaba sont effectivement une réalité au Fouta Djallon ».

 

J’ai passé sous silence les nombreux exemples que Dr. Mamadou Baïlo Camara a cités pour illustrer sa réplique, du genre de ceux que j’ai énumérés dans le présent document. J’ajoute qu’il suffit de s’entretenir sur ce sujet avec un compatriote qui a vécu quelques temps avec des amis ou des voisins originaires du Foutah Djallon, pour se rendre compte de la réalité de l’esclavage qui divise les habitants de cette région naturelle de la République de Guinée.

 

Pour ceux qui veulent encore d’autres preuves, je fais cette fois-ci appel aux documents produits par un autre chercheur originaire du Foutah Djallon dont les publications viennent de l’IFAN (Institut fondamental d’Afrique Noire) sis à Dakar, Sénégal.

 

Sur «  info@webfuuta.net », M. Thierno Diallo publie les extraits d’un ouvrage dans la « Collection Initiations et Etudes africaines de l’IFAN, 1972, 276 pages les lignes suivantes relatives aux esclaves :

 

« Si un certain nombre de Jalonke a accepté de se convertir et fut pour cette raison laissé en liberté, une bonne partie d’entre eux refusa l’Islam. Ils furent les premiers esclaves des Peuls au Fuuta. Ils continuaient à vivre sur les terres qu’ils cultivaient avant la conquête, mais en revanche, les produits de leurs cultures ne leur appartenaient plus ». Et M. Thierno Diallo de poser la question, avec une tentative de réponse :

 

« Mais pourquoi l’esclavage au Fuuta Dyalon ? De tout temps on a parlé de l’esclavage pratiqué par les Peuls considérés comme « d’affreux esclavagistes ». Cependant, rarement on s’est demandé les raisons véritables de ce besoin d’esclaves au Fuuta. Faudrait-il sans cesse rappeler que le Peul était et demeure physiquement un être faible, incapable de résister aux travaux pénibles qu’exigeait la culture des champs surtout sur un sol latéritique et pauvre comme celui du Fuuta ? A cette faiblesse s’ajoutait l’aversion ou plutôt la répugnance presque maladive que le peul éprouvait à l’égard des travaux agricoles. Comment ne pas expliquer ce mépris par la fierté du nomade et sa prétendue supériorité sur le sédentaire rivé à la terre ? ». Plus loin, l’auteur écrit : « S’il est vrai que les esclaves habitaient des villages de culture (runde, pl. dume) séparés de ceux des Peuls (fulaso ou marga), ils disposaient néanmoins de nombreux avantages souvent inconnus ailleurs : des champs, des bœufs, des moutons et des chèvres et sur le plan politique des assemblées où ils pouvaient élire librement leur chef de village : manga runde ». Dans cet ouvrage, on trouve tous les termes que j’ai utilisés dans mon appel du 30/07/2013, y compris le terme Pulli dont Alpha Sidoux Barry niait péremptoirement l’existence. M. Thierno Diallo écrit à cet effet : « Les Peuls-pulli convertis furent maintenus à leurs terres sans changement notable. Il suffisait pour cela, de leur enlever une partie de leur bétail pour les rendre économiquement dépendants de la terre ». Je constate ici que M. Alpha Sidoux Barry voulait ridiculiser le terme « Pulli » par pure malhonnêteté intellectuelle. Pitié pour le personnage !

 

Une note explicative sur le terme « d’affreux esclavagistes » fait appel au célèbre ethnologue spécialiste du Foutah Djallon, l’administrateur des colonies Gilbert Vieillard qui aurait écrit dans « Notes sur les Peuls en 1939 » : « La conquête musulmane a fait de la razzia et du dressage des serfs la principale occupation des nobles, ci-devant pasteurs et l’esclavage a porté un rude coup à la dignité du travail manuel. « Travailleurs » et « esclaves » sont synonymes (huuwoowo = maccudo) et ces assimilations verbales engendrent des associations mentales durables. Chez les nobles, ne travaillent que celui qui n’a pas su acquérir d’esclaves, c’est-à-dire le lâche, le faible et le malchanceux, toutes catégories détestables. Dieu a imposé le travail à notre Père Adam, il a créé ces Païens au crâne dur et aux bras forts, bons tout au plus pour le travail de la terre, et évidemment destinés à servir les croyants », o. c. p. 137 de « Notes sur les Peuls, 1939 ». Le seul commentaire que je formulerais ici consiste à signaler que le premier mouvement politique créé par les originaires du Foutah Djallon en 1945 s’appelait « L’Amicale Gilbert Vieillard ». Ce qui marque le crédit que les premiers hommes politiques du Foutah Djallon accordaient à l’auteur de ces quelques lignes, plus que révélatrices de la réalité de l’esclavage dans cette Région et du système qui a été mis en place pour « domestiquer » les autochtones vaincus de la bataille de Talansan en 1727.

 

Je voudrais maintenant répondre aux deux questions cruciales suivantes : Pourquoi parler de l’esclavage au Foutah Djallon et pas ailleurs en Guinée ? Et pourquoi maintenant et pas à un autre moment ?

 

Les réponses subjectivistes et faussement indignées de ceux qui critiquent ma déclaration montrent que mes détracteurs ne savent rien ni du passé, ni du présent de leur société d’origine. Ou alors ils nient l’esclavage chez eux pour couvrir un agenda caché que j’aurais commis l’impudence de mettre à nu. Nous sommes désormais décidés à dénoncer l’esclavage au Foutah Djallon, jusqu’au jour où le Parlement guinéen adoptera une loi sur son abolition définitive sur toute l’étendue du territoire de la République de Guinée. Je suis désolé par ailleurs de constater que ce système esclavagiste n’existe nulle part ailleurs en République de Guinée, sinon dans le milieu de la communauté Peuhl du Foutah Djallon, partout où elle réside dans le monde.

 

Pourquoi cette dénonciation maintenant ? Lorsque vous demandez à un esclave s’il veut être libre aujourd’hui ou demain, il vous répondra qu’avant-hier était déjà trop tard ! S’agissant des libertés fondamentales qui sont garanties par plusieurs articles de la Constitution de la République de Guinée, dont l’article 8 de manière spécifique, chaque moment est le bienvenu pour ce combat. Mes détracteurs doivent savoir que je n’ai pas attendu l’annonce de la campagne des élections législatives 2013 pour engager cette lutte contre l’esclavage au Foutah Djallon. J’ai lancé les premières salves là-dessus début 2011 au cours d’une émission « Guinée Mémoires » sur la radio privée « Djoliba - FM » avec le journaliste Sékou Mady Traoré. D’autres interviews et conférences ont suivi au cours des années 2011 à 2013. Cette lutte doit continuer indépendamment de toutes les campagnes électorales, jusqu’à l’abolition de l’esclavage en République de Guinée. Cela ne pourra pas se faire sans soulever des « réactions indignées » au niveau des bénéficiaires du système esclavagiste qui voudront garder leurs privilèges au détriment des autres. Pour ma part, j’ai choisi de combattre aux côtés des victimes dépossédées, déshumanisées et sans recours depuis près de trois siècles. Cette question est du reste trop importante pour qu’on en face un thème  de campagne électorale, ni non plus comme un sujet de débats politiciens. Tous ceux qui veulent sauver l’honneur de la Guinée devront se donner la main pour nous débarrasser de cette honte du XXIe siècle.

 

Dans ce contexte, je voudrais m’inscrire en faux contre deux inepties qui sont avancées par certains négationnistes de l’esclavage au Foutah Djallon :

 

a)    Alpha Sidoux Barry prétend que l’esclavage aurait été supprimé en 1957 en Guinée. Erreur ! La conférence administrative qui a été organisée par Sékou Touré, alors Vice-président du Conseil de gouvernement de la Guinée française avait pour objectif la suppression de la chefferie de canton et non celle de l’esclavage. La chefferie de canton fut supprimée, mais aucune loi n’a jamais été promulguée au cours des années 1950 pour l’abolition de l’esclavage ni en Guinée, ni ailleurs au sein de l’ex-Afrique occidentale française (ex-AOF). Quant à la loi cadre de Gaston Deferre, elle accordait aux colonies françaises d’Afrique l’autonomie interne qui a été critiquée sous le terme de « balkanisation de l’Afrique ». Ceux qui parlent de l’abolition de l’esclavage en 1848 en France ignorent le fait qu’aucune parcelle du territoire guinéen n’était encore colonisée par la France en ce moment-là…

 

b)    D’autres négationnistes prétendent à dessein que ce serait l’Almamy Samory Touré qui, vers la fin du XIXe siècle, aurait vendu des esclaves au Foutah Djallon. Archi-faux ! L’esclavage a été introduit au Foutah Djallon après la Bataille de Talansan en 1727, et la victoire des Peuhl islamisés sur les Djallonka, les Maninka et les Pulli, alors animistes. A l’issue de cette bataille décisive, les troupes victorieuses ont déclaré l’Etat théocratique du Foutah Djallon.

 

Cet Etat a proclamé toutes les terres du Foutah « propriété d’Allah ». Et comme l’Almamy du Foutah Djallon était le « Représentant du Bon Dieu sur terre », il est devenu ipso facto le propriétaire de toutes les terres de ce territoire nouvellement conquis. Du coup, les autochtones qui n’ont pas pu s’exiler dans les quatre points cardinaux autour du Foutah sont devenus esclaves des nouveaux conquérants qui se sont alors partagé les terres ancestrales de leurs hôtes. Cette entreprise de colonisation sous le prétexte d’islamisation ne pouvait se consolider que par une politique d’aliénation, de dépersonnalisation, de dressage des autochtones, de lavage des cerveaux et d’exploitation qui dure depuis près de trois siècles.

 

Comment peut-on honnêtement se moquer de ceux qui appellent cette politique « système d’esclavage ». Car un système est, dans ce cas, un ensemble organisé et structuré dont toutes les actions tendent à obtenir un résultat fixé d’avance et selon une stratégie convenue.

 

Les différentes interventions de l’Almamy Samory Touré, l’Empereur du Wassoulou, au cours du dernier tiers du XIXe siècle au Foutah Djallon avaient pour objectifs :

 

a) La réduction, en 1891, de la révolte des « Houbou » dirigés par Karamoko Abal (fils de Karamoko Alpha Mamadou Diouhé). Ceux-ci s’étaient révoltés contre le pouvoir central des Almamy de Timbo. Ils ont créé une république libre de tout esclavage dans les montagnes du Fitaba, avec pour capitale Bokéto. Ce nouvel Etat dissident survécut pendant une trentaine d’années, après avoir saccagé Timbo, la capitale du royaume théocratique du Foutah Djallon. Gilbert Iffono écrit dans son ouvrage le « Lexique historique de la Guinée-Conakry », Editions L’Harmattan, Paris, 1992 : « Attaqué en 1873 par les almamy, Abal triompha avec ses hommes de l’armée confédérale. Ce fut un véritable désastre pour l’almamy Sory Daara, tué dans les combats en compagnie de nombre de ses fils et vaillants guerriers devant Bokéto, la capitale houbou ». Il fallut une coalition de l’Almamy Samory Touré avec les Almamy de Timbo pour écraser les Houbou.

 

b) La défense de l’Almamy Bocar Biro Barry dans sa guerre contre les troupes françaises d’occupation coloniale. Trahi par certains de ses frères dont je tairais le nom ici, ce sont, selon El Hadji Boubacar Barry d’Almamya à Mamou (paix à son âme), treize chefs Sofa de l’Almamy Samory Touré qui sont morts en défendant son grand-père Bocar Biro. Et qui a livré la tête de l’Almamy Bocar Biro au gouverneur français du moment ? Réduire les deux interventions de l’Almamy Samory Touré en faveur des Almamy du Foutah Djallon à de simples opérations commerciales de ventes d’esclaves est d’une malhonnêteté criminelle.

 

Il serait important de savoir que ces deux interventions ont été chaudement recommandées par Karamô Mory Kaba, chef de l’exécutif de Kankan (« Kanda ») et autorité religieuse à laquelle l’Almamy Samory Touré vouait un grand respect. Cela, en vertu d’une alliance séculaire entre les Almamy de Timbo et les Kaba de Kankan, qui ont participé à la guerre sainte d’islamisation du Foutah Djallon sous le commandement de M’Bemba Alpha Kabinè Kaba.

 

Le Foutah Djallon est l’une des très rares régions du monde dont l’islamisation par une Djihad (guerre sainte) a été consolidée par une colonisation des autochtones, en leur enlevant leurs terres, leur culture, leur langue et leur dignité. Trois siècles de dressage et de domptage des populations soumises sans recours ont abouti aux comportements scandaleux que je viens de révéler dans ce document.

 

Si après toutes ces informations, mes détracteurs du « Lynx » et d’autres organes de la presse écrite, en ligne ou des radios privées veulent porter plainte contre ma personne pour quelques raisons que ce soit, c’est avec un très grand plaisir que je répondrai à leurs accusations devant les tribunaux de la République. Mais ils ne devront pas se contenter de nier l’évidence. Il faudra qu’ils apportent des arguments pour prouver que Mansour Kaba est un menteur, en disant et en écrivant que l’esclavage persiste encore dans les us et coutumes des Peuhl « nobles » du Foutah Djallon.

 

En attendant ces accusations, je leur livre la partie du « Serment des chasseurs du Mandé sur l’esclavage ». Ce texte qui date des années 1230 avant la bataille de Kirina, fondatrice de l’Empire du Mali, soit plus de cinq siècles avant la Révolution française de 1789, a été recueilli par l’Anthropologue Malien Youssouf Tata Cissé et publié en langues maninka et française dans l’ouvrage « La Charte de Kurukan Fuga » par le CELHTO, Editions L’Harmattan, Paris 2008. C’est une belle et grande leçon pour les esclavagistes arriérés qui pratiquent aujourd’hui encore « la chose », tout en niant son existence.

 

« Les chasseurs déclarent :

 

La faim n’est pas une bonne chose,

L’esclavage n’est pas non plus une bonne chose ;

Il n’y pas pire calamité que ces choses-là

Dans ce bas monde

Tant que nous détiendrons le carquois et l’arc,

La faim ne tuera plus personne au Manden,

Si d’aventure la famine venait à sévir ;

La guerre ne détruira plus jamais de village

Pour y prélever des esclaves ;

C’est dire que nul ne placera désormais le mors dans la

Bouche de son semblable

Pour aller le vendre ;

Personne ne sera non plus battu

A fortiori mis à mort,

Parce qu’il est fils d’esclave.

Les chasseurs déclarent :

L’essence de l’esclavage est éteinte ce jour,

D’un mur à l’autre, d’une frontière à l’autre du Manden ;

La razzia est bannie à compter de ce jour au Manden ;

Les tourments nés de ces horreurs sont finis à partir de ce

Jour au Manden.

Quelle épreuve que le tourment !

Surtout lorsque l’opprimé ne dispose d’aucun recours.

Quelle déchéance que l’esclavage !

Nulle part dans le monde.

Les gens d’autrefois nous disent :

L’homme en tant qu’individu

Fait d’os et de chair,

De moelle et de nerfs

De peau recouverte de poils et de cheveux

Se nourrit d’aliments et de boissons ;

Mais son âme, son esprit vit de trois choses

Voir ce qu’il a envie de voir,

Dire ce qu’il a envie de dire

Et faire ce qu’il a envie de faire ;

Si une seule de ces choses venait à manquer à l’âme

Humaine,

Elle en souffrirait

Et s’étiolerait sûrement.

En conséquence, les chasseurs déclarent :

Chacun dispose désormais de sa personne,

Chacun est libre de ses actes,

Chacun dispose désormais des fruits de son travail.

Tel est le serment du Manden

 

A l’adresse des oreilles du monde tout entier ».

 

Je constate ici que les chasseurs du Manden du treizième siècle étaient plus modernes et plus progressistes que nos « affreux esclavagistes » du XXIe siècle au Foutah Djallon. Qui peut être fier d’un tel retard mental et comportemental ?

 

En définitive, la « tempête dans un verre d’eau » que veut soulever le quintet  d’extrémistes mythomanes et manipulateurs en parlant de « génocide contre les Peuhl au Foutah Djallon », s’arrêtera au niveau de leurs rêveries dans les cafés de Paris. Ces manœuvres de diversion sont une preuve de leur embarras, face à la dénonciation de l’esclavage qui est aujourd’hui encore de pratique courante chez eux. Ce qui me semble malheureux et pitoyable, c’est que ce sont souvent les victimes de ce système criminel qui, soit par peur, soit par une honte compréhensible, sont les premiers à nier l’évidence. D’où le message suivant : prenez courage ! La lutte que nous venons d’engager ne sera pas un feu de paille. Elle sera énergiquement conduite jusqu’à son terme logique : l’abolition de l’esclavage au Foutah Djallon et sur toute l’étendue de territoire national. Notre politique du changement ne s’arrêtera pas devant le porche des esclavagistes impénitents.

 

Honte à eux !

 

Fait à Conakry, le 29 Septembre 2013

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2 octobre 2013 3 02 /10 /octobre /2013 21:59

Ansoumane_Dore.jpgMon cher Sidibé M. Lamine,

 

Vous m'interpelez comme sous-signataire du texte que vous dites victimaire. Vous dites bien ‘’victimaire’’ ! En voilà un mot qui a fait facilement fortune dans notre pays ! C'est dire que ceux qui ont véhiculé ce mot de ‘’victimaire’’ n'en n'ont jamais souffert. Comme ce doit être dur, parfois insupportable, de se sentir stigmatisé par ceux qui prononcent facilement des mots de paix sociale tout en faisant le contraire de ce qu'il faut pour y parvenir.

 

Le texte victimaire décrit une situation que des compatriotes, dans une sorte de posture aristocratique, refusent de voir. C’est pourquoi, en sous-signataire, j'ai dit que malgré la dureté d’un mot comme « génocide », il vaut mieux prévenir que guérir (adage bien connu).

 

Mon cher Sidibé, j'ai horreur de la langue de bois. Certains l'utilisent peut-être sans s'en apercevoir. Ce n'est pas mon cas. Au début de ce forum, vous m'aviez fait comprendre que si dans le passé vous aviez aimé ce que j'écrivais, cela n'a plus été le cas dans la période récente. Là au moins, il ne s'agit pas de langue de bois. Vous avez raison, on ne peut aimer avec le même transport tout ce qu'un quidam écrit. J'ajoute opportunément que j'ai souvent précisé que je n'ai jamais cherché à plaire à qui que ce soit en écrivant sur notre pays et ses dirigeants successifs. Ce que j'écris est ma vérité que je n'ai aucun moyen d'imposer à personne. Eussé-je le moyen de l'imposer que je ne le ferais pas, par l'éthique de vie de simple citoyen que je me suis imposée.

 

Quand vous avez dit ne pas apprécier certains de mes écrits récents, ce qui est votre droit, j'y ai vu le comportement du militant politique obtus qui ne veut entendre qu'un seul son de cloche. Or vous pouvez relire tout ce que j'ai écrit, vous trouverez qu'il n'y est question que de la Guinée comme nation, et de son unité, qui dépassent chacune de nos pauvres vies. Cette recherche constante de la Guinée et de son unité ne signifie nullement que dans des instants de choix cruciaux je ne prenne pas position. Non ce n'est pas ce genre de neutralité que j’adopterais.

 

Si j'ai critiqué en son temps Lansana Conté (paix à son âme) et son régime caporaliste, c'était parce qu'il s'était désigné lui-même comme capable de diriger la Guinée qu'il a menée à la ruine. Moi, comme d'autres Guinéens, nous n'avions cessé de dire qu'une gigantesque catastrophe nous attendait avec sa gouvernance.

 

J’ai également dénoncé avec d'autres, le sort qui était fait aux opposants aux faibles moyens devant l'opulence du PUP jouissant des moyens de l'Etat d'alors. De même que je dénonçais les dérives, les turpitudes et la prédation de l’Etat guinéen par le clan Lansana Conté, de même je dénonce et dénoncerai les dérives du président Alpha Condé, qui, aussitôt arrivé au pouvoir, a commencé à décevoir de nombreux partisans. Là aussi, est-il besoin de le préciser, s'il est critiqué pour sa gestion de la chose publique, ce n'est pas sa personne physique qui est en cause mais l'homme qui s'est cru capable de porter la destinée de 11 millions de Guinéens. C'est ce qu'il faut que ses thuriféraires comprennent. Le parti-Etat-RPG-Arc-en-ciel d'aujourd'hui, a remplacé le parti-Etat-PUP d'hier, dans l'utilisation à son profit de toute la logistique de l'Etat guinéen.

 

Par ailleurs, comme vous le dites, nous souhaitons et recherchons tous la paix sociale en Guinée, mais quand vous écrivez : « la paix sociale est quelque chose de vivant qui doit être entretenue à tout moment », je dois vous dire que vous tombez dans une formule de type slogan. Vous écrivez comme s'il s'agissait en Guinée d'un pays sortant d'une guerre civile. Dieu nous a préservés de ce fléau jusqu'ici, mais vous frisez par cette formule une langue de bois, car ce que vous dites ne correspond pas à la réalité vécue actuellement dans notre pays, sauf à refuser de voir cette réalité. Mais nous souhaitons tous que les efforts conjugués de tous nous mènent à la paix sociale qui n'est pas encore une réalité vivante.

 

Avoir été sous-signataire du « texte victimaire », constitue à mes yeux un pas vers cette magnifique formule du forum « sans tabous, ni passions », pour une vraie paix sociale. C’est pourquoi, je salue encore une fois les prises de position de notre frère Aboubacar Sidiki Kaba d'avoir publié « le texte victimaire ». Aboubacar Sidiki a compris la souffrance des auteurs de ce texte. Il raconte avec pudeur mais également avec clairvoyance, comment son propre père a vécu les heures sombres du pogrom contre les Malinkés stigmatisés à Conakry en juillet 1985, après « le coup manqué » de Diarra Traoré. Mais, aujourd'hui, il est l'un des militants convaincus de ce forum de réconciliation des Guinéens.

 

Enfin, je ne comprends pas que le frère Lamine M. Sidibé et Ntoman Ansoumane Koly s'évertuent à louer la sagacité du Canard enchaîné dans la découverte d'un coup d'Etat contre le gouvernement guinéen. Pour cela, ils se réfèrent tous les deux à des faits cachés franco-français dont le Canard s'est fait une spécialité. Ce n'est pas rien, je le concède ; mais jamais un seul fait de l'étranger, surtout un coup d'Etat, n'a été annoncé d'avance par ce journal. Or j'avais, dans la foulée de cette affaire, signalé dans un article, que depuis le début des années 1960, l’Afrique a connu plus de 60 coups d'Etat. Le Canard Enchaîné n'en avait annoncé aucun, même pas au temps de Foccart (Françafrique) où ces coups d'Etat étaient fréquents. Alors je posais la question de pourquoi la Guinée de 2013, et à la veille d'élections législatives qui étaient annoncées par tous comme explosives ? Ces points d'interrogation étaient-ils gênants pour se lancer de façon partiale et partielle dans l'énumération des qualités à la James Bond du Canard ? ...

 

Fraternellement.

 

Ansoumane Doré

Dijon, France

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26 septembre 2013 4 26 /09 /septembre /2013 21:08

Ismael_Bah2.jpg « Quelques guignols de Guinée n’ont pas besoin de nous citer pour réaliser nous ne savons quels projet foireux ! » affirment deux hauts fonctionnaires de la DGSE.

 

Un article du Canard Enchainé en date du 25 septembre 2013 faisait état de notes de la CIA et de la DGSE annonçant un coup d’Etat en Guinée à Conakry. Ces propos ont été traités de farce par certains responsables et parlementaires français. Nous avons aussitôt pris contact avec les services de la DGSE dirigés par Monsieur Bajolet et Monsieur Bigot en charge de la stratégie. Deux personnalités d’une grande hauteur de vue et très sérieuses qui ont démentis catégoriquement les allégations du Canard Enchainé qui est coutumier du fait. Ce journal, il faut le reconnaitre est souvent manipulé.

 

Ce service très sérieux du renseignement français nous a simplement dit que si ces journalistes sont sérieux et crédibles, ils doivent publier les preuves de leurs allégations, les notes qu’ils sont sensé avoir lues. Aussi, ils doivent même être en mesure de fournir la liste des milices peules qui ont été enregistrées. « Vous savez, si nous passions notre temps à répondre à tous les articles du Canard qui cherche à vendre dans cette période difficile où tout est informatisé, nous n’en sortirions plus. Nous aussi nous devons nous adapter » ont-ils ajouté.

 

Nous avons remercié ces hauts fonctionnaires et quitté le 14 rue Saint Dominique. Je rappelle que Condé Alpha nous a toujours dit qu’il ne dormait très bien que depuis que François Hollande a été élu président de la République. En effet, ce dernier n’a cessé de soutenir le processus démocratique guinéen, ce qu’il m’a encore confirmé dans un tout récent courrier.

 

Je rappelle quand même que Lansana Kouyaté a été le premier chef du gouvernement guinéen à affirmer solennellement devant l’Assemblée nationale française qu’Alpha Condé recrutait des miliciens pour tuer ses compatriotes. Ces éléments sont bien enregistrés aux renseignements Généraux et Européens !

 

Depuis le début de la campagne législative, je suis sur le terrain. Les élections législatives, c’est samedi 28 prochain. Il me parait urgent de rendre la parole aux citoyens. Et ils sont chaque semaine très nombreux à faire connaitre leurs aspirations mais également leurs propositions. Ils s'inquiètent aussi de ce président qui s’était engagé notamment à reprendre les audits et lutter contre la corruption, et de lutter contre les trafics mafieux. C’est une invite aux politiques, à savoir qu'il y a des conséquences pénales mais également des conséquences en termes de pertes de possibilités d'être réélu. Dans toutes les grandes démocraties du monde, le détournement de deniers publics est sanctionné. Comment, dans ces conditions, les Guinéens pouvaient-ils continuer à lui apporter son soutien ? Un magnifique projet politique d'espoir qui aujourd'hui tourne au fiasco économique. Mais ils sont surtout nombreux à placer la jeunesse au centre de leurs préoccupations.

 

Dans ce contexte très difficile, soyons particulièrement vigilants lors de ces élections législatives de samedi prochain.

 

Ismaël Bah

Diplômé de Droit de l’Institut des Hautes études de la sécurité intérieure (IHSI)

Conseiller technique sécurité intérieure

Caserne des officiers Napoléon Paris

 

Guineeactu.info

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24 septembre 2013 2 24 /09 /septembre /2013 12:46

me_aminata_barry.jpgCette fois, je dis à Alpha Condé que la coupe est pleine. A dessein, je l’interpelle par son nom car un Président de la République, Président de tous les fils de Guinée ne se conduit pas en plus grand diviseur que la Guinée ait connu.

 

Je ne fais pas de politique mais en flattant les bas instincts, il a atteint le point culminant de la division. Que cherche-t-il ? Que nous veut-il ? Que nous restera t-il après son passage ? Parce que personne n’est éternel. Une Guinée à ramasser à la petite cuillère sans aucun doute ?

 

Il ne se rend même pas compte qu’il blesse ceux-là même qu’il qualifie de « Roundé », terminologie péjorative et tombée en désuétude dont ils n’ont que faire aujourd’hui au vingt et unième siècle !

 

Ils diront NON ! Mille fois NON ! Parce qu’ils refuseront cette instrumentalisation à court terme faite à dessein, juste bonne pour  les besoins de la cause.

 

Alpha Condé s’est emparé d’un canif nauséabond pour sectionner toutes les familles du Fouta en nous coupant les veines et les artères ?

 

Il est tout excusé déjà parce qu’il ne connait pas la Guinée ni les Guinéens, assurément.

 

Je n’ai pas peur de la prison, je suis sa fille,

Je n’ai pas peur de la torture, je suis sa fille,

Lorsque tu es la fille du Camp Boiro, tu es la fille de tout ça.

 

J’ai défié le tout puissant Général président Lansana Conté et sa Cour suprême en son temps pour sortir le professeur Alpha Condé de prison ; j’ai risqué la prison dans un règlement de compte orchestré par un avocat de la partie civile de l’Etat Guinéen, ancien ambassadeur du Mali en Guinée, dans le procès Alpha, avec la complicité de l’agent judiciaire de l’époque, qui m’avait accusé via un procureur qui se reconnaitra d’avoir fait tomber la banque islamique en collusion avec le consul de Mauritanie, je fus sauvée de justesse par les merveilleux petits cailloux blancs de mon livre le Tourbillon pendant que le Professeur Alpha Condé était je ne sais où dans ce monde.

 

Dans complainte d’une orpheline, j’avais dis que ces ombres maléfiques qui dansent autour du pouvoir auront raison de lui, ce pouvoir qui isole. J’avais également dis que ces ombres chinoises allaient éteindre le timbre de ma voix qui a cessé de sonner l’alerte depuis longtemps.

 

Alpha Condé ne se rend même pas compte qu’il insulte nos pères, nos mères, nos tantes, nos oncles, nos filles et fils, nos familles en les « ennoblissant »  au moyen d’un lamentable arrêté ministériel de Alhassane Condé qui n’a jamais pris un tel acte à l’époque du président Conté dont il était le Ministre pourtant et au même endroit, pourquoi le fait il maintenant et à quel dessein ?

 

Même le Président Sékou Touré n’avait pas été aussi loin, je le concède. Il a laissé un pays dont le tissu social n’avait subi de semblables déchirures, je le concède. Sa tentative de s’attaquer au Fouta en créant « la situation particulière du Fouta » liée au complot peulh de feu Telli Diallo, en appelant au génocide peulh n’avait pas prospéré du fait de la résistance des populations qui avaient compris.

 

De la même façon, peuple de Guinée, refuse la division pour une politique malfaisante à pas forcé, à tout prix et à n’importe quel prix.

 

Après lui, la Guinée sera à ramasser à la petite cuillère, je l’ai dit plus haut.

 

1- Les syndicats sont divisés

2- Le patronat est divisé

3- La société civile est divisée

4- Les forces armées et de sécurité sont divisées

5- L’administration est tribalisée, donc divisée

6- Les radios privées sont divisées

7- Les élèves et lycéens sont divisés

8- La Forêt est plus que jamais divisée comme elle ne l’a jamais été

9- La Basse côte est divisée

10- Il lui reste le Fouta et la Haute Guinée

 

Pour cette dernière, que va-t-il trouver ?

 

Ma base est en Basse côte où est enterré mon cordon ombilical dans l’enceinte de l’hôpital Ballay.

 

Mon essentiel est à Dabola (Haute Guinée) où reposent tous mes ancêtres et même ma pauvre maman Hadja Fatou, paix à son âme.

Mon identité est au Fouta (Moyenne Guinée),  par sa politique de division, le professeur Alpha ne peut pas me couper en trois morceaux.

Et des comme moi, il y en a pleins si nous ne sommes pas majoritaire.

 

J’en appelle à l’Union Européenne, aux Nations Unies, à toutes les Ambassades pour nous aider à protéger la Guinée afin que ce pays qui n’a jamais connu de guerre civile même au pire moment de la révolution de Sékou Touré, ne se Rouandise pas.

 

Les réalités sociologiques ne sont pas celles qu’on leur décrit.

Je suis suffisamment neutre et crédible pour que ma voix soit entendue.

 

Ma loyauté se conjugue avec la probité. Je ne vendrais jamais mon âme au diable.

 

Maître Aminata Barry

Notaire à Conakry

 

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15 septembre 2013 7 15 /09 /septembre /2013 21:59

CAMARA_Lamine_2_01Dans un article intitulé « Pour la création d’un mouvement citoyen à but unique : l’abolition de l’esclavage au Fouta Djallon » et publié sur le site actuconakry.net le 31 juillet 2013.

 

Mansour Kaba n’est certainement pas un abolitionniste car l’esclavage a été aboli dans les colonies françaises en 1848. Quant à la chefferie traditionnelle, elle a été supprimée en 1957. Il faut noter au passage que la chefferie traditionnelle n’était pas un régime esclavagiste. Les chefferies étaient des micro-Etats avant la colonisation, gérés selon les lois coutumières ou musulmanes notamment pour le Fouta et Kankan. C’étaient des Etats aristocratiques, avec à leurs têtes des rois, des nobles, des doutis (propriétaires des terres) ou des djamanatis (propriétaires de l’Etat) à Kankan et ailleurs en Haute Guinée. Comme dans tout régime aristocratique, les sujets, donc les paysans et autres n’appartenant pas à la classe dirigeante, étaient sur des terres qui ne leurs appartenaient pas et devaient payer des taxes ou impôts très souvent en nature aux rois, nobles ou chefs de la chefferie.

 

Les termes esclave, esclavage, ou noble ou noblesse sont encore présents dans le vocabulaire des Maninka-morys et des Peuhls. Ce fait s’explique par la forte islamisation de ces sociétés ainsi que le rôle qu’elles ont joué dans l’islamisation des autres régions de la Guinée.

 

L'esclavage n'étant pas prohibé par l’islam, les pays musulmans ont été les derniers à ratifier l’abolition de l’esclavage ; l’Arabie Saoudite en 1926 et la Mauritanie en 1981. Cette mentalité persiste encore aujourd’hui chez les Arabes qui continuent de considérer les noirs comme des esclaves. A Kankan comme à Labé ce même sentiment persiste encore dans la conscience des nostalgiques. Un des érudits de Kankan ne disait-il pas dans un passé lointain que « mieux vaut mourir que d’être maninka ». Ne confondez pas Maninkamory et Maninka.

 

Aujourd’hui les relations entres les anciens rois ou nobles et les anciens sujets ne sont en aucun cas des relations entre maitres et sujets. Les sociétés traditionnelles de Guinée ont évolué et évoluent de jour en jour comme partout dans le monde.

 

Autant la Guinée est en compétition avec les pays voisins, le reste du monde, dans le cadre de l’émancipation économique, sociale et politique, autant les Guinéens individuellement ou par région naturelle ou encore par ethnie se trouvent dans ce même monde de compétition. En Guinée il n’est pas question de nobles ou d’esclaves, mais de pauvres et de riches.

 

Sous le piètre style de la forme primitive foulaphobe, le nouvel idéologue du Rpg, Mansour Kaba, s’en prend traitreusement à l’ethnie peule, coupable à ses yeux d’esclavagisme. Il oublie ou peut-être fait semblant d’oublier que la société maninkamory est presque identique à celle du Fouta.

 

M. Kaba devrait d’abord se regarder dans le miroir avant de sortir un tel article minable, qui s’articule autour des « Roundés, Foulassos ou moutons, boucs ou chèvres ». Les Maninka-Morys à Kankan sont organisés autour des kabilas des Kaba, de Camarala, de Chérifoula, de Dianela et de Touréla. Les Keita, Traore, Kourouma, Condé, Diallo et autres Nabayaka n’ont pas le droit de créer leur kabila, ils ne bénéficient pas des mêmes considérations sociales que les Maninkamorys, à moins qu’ils n’adhérents à un des kabilas de Nabaya.

 

M. Kaba, lors de mon baptême à Kankan, je ne sais pas si mon père a sacrifié un éléphant, un bœuf, un mouton, une chèvre, un bouc ou un lapin, ou peut-être du « dä ». M. Kaba, je suis de Kankan. Je ne suis ni noble, ni esclave. Je suis kankanka et citoyen guinéen comme mon compatriote Camara de Dalein, Labé.

 

Le sentiment foulaphobe de certains intellectuels malinkés à l’endroit de l’ethnie peule cache un désarroi, voire une peur devant l’émancipation économique, sociale et intellectuelle de cette ethnie. Des amis malinkés me disaient à Conakry et à Kankan que les Peuls occupent tous les secteurs économiques du pays, qu’il ne faut pas laisser un Peul devenir président du pays.

 

En tant que Kankanka, j’ai un autre projet de société dont Mansour Kaba devrait s’inspirer : il s’agit d’éveiller la conscience de la communauté malinké, du fait que la communauté peule en matière d’émancipation économique, sociale et intellectuelle, l’a devancé de plus de 50 ans.

 

A Kankan, sans le boulanger peul, pas de pain. Sans le Peul pas de viande au marché. Toute la chaine de distribution de produits de consommation alimentaire et courante est entre les mains de cette ethnie. Au moins 90% des boutiques de Nabaya ont pour propriétaires nos Kaous / Kahous (oncles). Pour chaque 1.000 FG dépensés, 900 FG atterrissent dans la poche d’un oncle. Le secteur du transport, du diamant et de l’or sont aussi dans les mains de nos compatriotes peuls.

 

Kankan n’est que le sommet de l’iceberg.

 

Sur le plan scolaire, universitaire et intellectuel, le constat est encore plus amer pour les Malinkés : la grande majorité des cadres guinéens dans les administrations publiques et privées, banques, assurances, institutions bilatérales et multinationales ainsi que dans les medias sont les Peuls. Sur 100 étudiants guinéens en Europe et en Amérique, 80 à 90 sont des jeunes originaires du Fouta. En Allemagne où je vis, la quasi totalité des jeunes cadres guinéens sortis des universités ou des « Fachhochschule » sont des jeunes Peuls. Ici à Frankfurt, je ne connais aucun jeune cadre malinké.

 

En Guinée, dans les lycées et universités, il y a deux à trois fois plus de jeunes Peuls que de Malinkés. Le taux de déscolarisation de la jeune fille malinké est le plus élevé selon les statistiques de l’Unesco. Il y a très peu de jeunes filles malinkés dans les lycées et universités. En Allemagne de l’ouest, pendant les 35 dernières années, aucune fille malinké n’a réussi dans les études universitaires et professionnelles. Des filles peules oui.

 

Ainsi le nombre de femmes intellectuelles malinkés est extrêmement faible. Et quand les femmes sont analphabètes ou semi-analphabètes, les enfants n’ont pas de chance dans l’émancipation intellectuelle et professionnelle. Dans ce monde actuel, la prospérité passe par l’école ou l’apprentissage d’un métier.

 

M. Kaba, ce constat est inquiétant. Mais il n’est pas trop tard. Mettons-nous au travail. Que le jeune Maninkamory apprenne le métier de boulanger, de boucher, de cordonnier, de maçon, mécanicien, etc. Investissons dans l’éducation scolaire et universitaire de nos enfants. Inculpons dans leur éducation la notion de compétition. La haine à l’ endroit du Peul ne contribue en aucun cas à résoudre les problèmes de la misère et de l’ignorance dans notre ethnie.

 

Jusqu'à la fin des années 1970, les Peuls étaient à Conakry en grande majorité les boys (personnel domestique), les petits artisans et « tabliers ». Aujourd’hui la force financière de quelques opérateurs économiques de nos compatriotes du Fouta est supérieure au budget national du pays. Quand ils ferment boutique, il n’y a plus d’argent dans les banques.

 

Si nous nous mettons au travail comme eux, nous les rattraperons dans 30 à 50 ans. Si nous faisons mieux, nous les dépasserons dans 50 ans. Si nous ne faisons rien, la Haute Guinée sera transformé en un vaste « rundé » dans 50 ans.

 

Lamine Camara

Frankfurt, Allemagne

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12 septembre 2013 4 12 /09 /septembre /2013 10:37

ansou_dor.jpgC’est le titre d'une suggestion de discussion de Togba Zoumanigui sur le Forum Tousguineens. Ce n'est pas en termes de personne, X ou Y que je vais apporter ces quelques mots à la discussion. Tous les Guinéens parlent de construction du pays par une participation de tous et de toutes à cette construction, à l'image de la parabole du roi Ghezo (1818-1858), neuvième souverain d'Abomey ( ex-Dahomey devenu Bénin), qui disait: « Si tous les fils du royaume venaient par leurs mains assemblées boucher les trous de la jarre trouée, le pays serait sauvé" . C'est en quelque sorte, sur cette leçon de l'histoire africaine que semblent « méditer » consciemment ou inconsciemment tous les Guinéens qui évoquent l'unité et la construction de leur pays. Mais s'il y a des pays aux comportements partisans poussés aux paroxysmes, la Guinée est, aujourd'hui de ceux-là. Et il revient en tout premier lieu aux leaders politiques de corriger cette orientation.

 

De quelle façon réaliser une réorientation de ce qui est devenu comme une manière de vivre politiquement et socialement ?

 

La première démarche est que les leaders des grands partis politiques doivent mentalement se déconnecter de certains aspects des modèles de fonctionnement des institutions des vieilles démocraties. Ces modèles postulent par exemple qu'après des élections, le ou les partis vainqueurs gouverne(nt) seul(s) ou en coalition jusqu'aux prochaines élections. Reproduire cet aspect, en l'état actuel (politique et sociologique) de la Guinée, a très peu de chance de réussir les objectifs attendus par la population. Il faut que le dévouement à la cause nationale que des leaders annoncent prenne le pas sur leur appétence de pouvoir. Autrement dit, il faut que le démocrate de cœur et d'esprit accepte le partage du pouvoir. Cette posture n'est pas l'indice de faiblesse mais de patriotisme et de grandeur d'âme. L'une des raisons directes du passé pas éloigné de nombreux coups d'Etats intervenus dans les Etats africains est justement dans le défaut de partage et il faudrait être naïfs pour croire que ces coups d'Etat ont été complètement éradiqués dans les esprits des casernes africaines.

 

L a deuxième démarche mentale est de se mettre dans la peau du démocrate qu'on annonce urbi et orbi. Cela peut supposer dans notre cas guinéen, à veiller à l'organisation d'élections législatives transparentes de sorte à ne donner à personne la latitude de contestation. L’atmosphère sociale du pays est assez tendu comme cela depuis longtemps. Bien que le Président Alpha Condé se soit transformé en commis voyageur pour drainer d'éventuels investisseurs vers la Guinée, les résultats de ces pérégrinations ont été loin de donner satisfaction. Comme disent certains, il n'y a pas d'élections complètement parfaites en Afrique. Ce n'est pas une raison de s'en consoler. Dans le cas spécifique de la Guinée, il faudrait que plus jamais des élections législatives du modèle de feue Lansana Conté qui ont tant fait souffrir l'opposition de cette époque ne se reproduisent.

 

En troisième lieu, à la question de départ « Qui on voudrait voir à l'Assemblée nationale ? », je ne répondrais pas par des noms précis, les partis savent quels noms d'hommes et de femmes ils ont alignés sur les listes de candidatures. Ce qui importe à mes yeux au final, c'est la composition de l'Assemblée nationale. Si elle n'est composée très majoritairement que de députés Rpg-Arc-en-ciel, je considèrerais que la Guinée aura choisi la situation de l’Etat stationnaire qui peut supposer des phases de régression encore. Si  d'aventure, c'est une assemblée à craquer par des députés de l'Opposition (toutes tendances confondues), cela ne consistera pas non plus une situation idéale. La mouvance présidentielle rejetée dans l'Opposition, peut alors, si elle est organisée, adopter les méthodes de l'Opposition d'aujourd'hui. Et le climat social du pays ne sera pas notablement modifiée à moins que les résultats statistiques des législatives ne mettent tout le monde d'accord (?)

 

En ce qui concerne la situation personnelle du Président, si l'Assemblée n'est pas de sa mouvance, la Constitution lui reconnaît de larges prérogatives. A ceux qui avancent l'idée qu'il serait paralysé par des députés qui lui sont hostiles; je réponds que depuis le mois de janvier 2011, il était plus qu'en situation d'une écrasante majorité à sa dévotion, puisqu'il gouvernait par décrets qui ne se discutent nulle part et dont il a la totale initiative. A presque trois ans de gouvernement par cette voie et même compte tenu de la situation « d'Etat néant » qu'il a trouvé où sont ses réalisations tangibles? Dans un tel contexte, il eût été opportun de ne pas matraquer les gens de réalisations que tout le monde cherche. Alors ce n'est donc pas une majorité écrasante de députés de sa mouvance qui changeront la donne.

 

Ansoumane Doré

Dijon, France

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1 septembre 2013 7 01 /09 /septembre /2013 03:18

lev-e.jpgDeux textes particulièrement troublants sont parus tout dernièrement sur le web guinéen. Il s’agit, d’abord, de la pétition lancée par Mansour Kaba à propos de ‘’l’abolition de l’esclavage au Fouta-Djallon’’ et, ensuite, de la stratégie électorale du parti au pouvoir en ce qui concerne la même région du Fouta-Djallon. Dans le premier texte, l’auteur aligne une série de questions avant d’inviter ses lecteurs à aller eux-mêmes trouver les réponses aux questions qu’il pose dans les « rundés » et « foulaso ». Il invite ensuite les mêmes lecteurs à s’associer à lui pour mettre un terme définitif à l’esclavagisme au Fouta-Djallon. La démarche est pour le moins curieuse puisque l’auteur, qui n’apporte pas de preuves à ses allégations, demande à ses lecteurs d’aller recueillir celles-ci eux-mêmes. Où sont donc passées les bonnes manières ? La logique et l’éthique auraient voulu que lorsqu’on cherche à mobiliser pour une cause on commence par expliciter celle-ci dans l’objectif de persuader les uns et les autres de sa justesse.

 

Mansour Kaba n’a pas été persuasif. Les questions qu’il pose sont triviales et ne sauraient convaincre aucun esprit sérieux.  Prenons l’exemple du bouc qui serait imposé par les « esclavagistes peulhs » aux « esclaves mandingues » lors des cérémonies de baptême et prenons comme un postulat absolu que Mansour Kaba dit vrai (même si ce n’est pas vrai). La question qui se pose alors est celle de savoir en vertu de quelle loi un guinéen peut dicter à un autre la nature des sacrifices qu’il compte faire et surtout quel serait le moyen de coercition dont disposerait le « maître » à l’égard de « l’esclave » en cas de violation de ladite loi. La réponse est simple : il n’y a aucune loi qui donne le pouvoir ou le droit à un guinéen d’imposer à un autre guinéen telle ou telle espèce animale à donner en offrandes. Mansour Kaba n’est donc pas convaincant lorsqu’il déclare implicitement que certains guinéens détermineraient les rites pratiqués par d’autres guinéens. Plus généralement, Mansour Kaba avance des généralités sans aucun fondement factuel. Dans ces conditions, ne peuvent le suivre dans sa « campagne d’abolition » que les esprits faibles.

 

Au regard donc de la légèreté de l’argumentation employée par Mansour Kaba, il est légitime de se demander s’il ne fallait pas plutôt l’ignorer. Réflexion faite, il fallait au contraire le prendre au mot et surtout ouvrir le débat. Malheureusement, depuis la publication de son texte ainsi que les réactions qu’il a suscité auprès de quelques intellectuels guinéens, Mansour Kaba n’est pas revenu à la charge. Or, dans la mesure où il est l’initiateur du débat, il devrait, si sa conviction est acquise, apporter la contradiction à ceux qui nient la réalité de la situation qu’il souhaite corriger au Fouta-Djallon. A moins que la cause ne soit pas trop importante pour justifier un vrai effort intellectuel de la part de Mansour Kaba et dans ce cas il serait légitime de se demander pourquoi il a ouvert un débat qu’il ne compte pas alimenter.

 

L’autre texte concernant le Fouta-Djallon – devenu pour l’occasion Manden-Djallon – est un document interne du parti au pouvoir qui a fuité et qui manifestement vise à opposer prétendus-peulhs et prétendus-mandingues à des fins électoralistes. Le texte semble résulter d’un travail en profondeur destiné à identifier tous les « rundés » des régions de Mamou et de Labé et à les transformer en réservoirs de voix favorables au parti au pouvoir.

 

La démarche est dangereuse. On imagine aisément le type d’arguments que l’on développe dans ces « rundés » pour faire de leurs habitants des indéfectibles du pouvoir en place. En opposant ceux-ci aux autres habitants du Fouta-Djallon, on crée un risque de confrontation qui peut se réaliser au moindre incident. Le fait divers de Koulé qui a aboutit à une sanglante confrontation entre Kpélés et Koniankés est là pour nous rappeler que les masses s’enflamment facilement. Répandre une idéologie foulaphobe dans les « rundés » c’est poser une bombe à retardement qui pourrait exploser à tout moment au moindre incident. Ceux qui cherchent à conquérir des voix au Fouta de cette manière seraient bien avisés de se ressaisir au risque de porter la responsabilité historique de l’éclatement d’un conflit fratricide dans cette région.

 

Mais il revient surtout aux intellectuels du Fouta-Djallon et aux leaders à tous les niveaux, qu’ils soient prétendus-peulhs ou prétendus-mandingues, de porter le message de la fraternité dans tous les foyers de la région. Personne ne naît esclave ou esclavagiste. Ce n’est pas parce que les ancêtres des uns ont été esclavagistes et que les ancêtres des autres ont été esclaves que dans la Guinée du XXIème siècle les uns seraient les maîtres des autres. Mieux, ceux qui se considèrent peulhs et ceux que certains considèrent tels sont eux-mêmes issus du brassage des peulhs originaux et des populations majoritairement mandingues. De fait, être peulh aujourd’hui n’est pas un fait de la nature mais un fait culturel : est peulh celui qui est de culture peuhle. C’est ce message qu’il faut porter pour le bien de la Guinée.

 

S. O. Camara

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