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22 avril 2009 3 22 /04 /avril /2009 09:30

L’avènement au pouvoir d’un groupe de militaires en Guinée avait amené beaucoup à sautiller de joie. Des politiciens aux yeux pétillant d’un bonheur enfantin exprimaient leur soutien à la Junte. Surexcités, ils avaient tout de ces gamins à qui on a offert des bonbons en attendant que maman revienne du marché aux poissons.

 

La guerre civile tant redoutée n’aura pas lieu (du moins pour le moment) parce que ceux qui détiennent les armes et censés la déclencher sont au pouvoir depuis le 23 décembre 2008 après le décès de leur parrain, le général président Lansana Conté.

 

Le chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara, dit ne pas vouloir “s’éterniser au pouvoir “. Il en a même fait sa chanson préférée. Il promet aussi d’organiser des élections équitables et “rendre le pouvoir à un civil qui a les mains propres“ mais seulement après avoir “ balayé la maison“ -que l’armée avait grossièrement contribué à salir. C’est peut être vrai, mais pour quand ? Que la junte qui est entrée par “la petite porte“ dans la nuit du 22 au 23 décembre 2008, nous donne une date précise “de sortie par la grande porte“ en cette nouvelle année 2009. 

 

Certains lèche-bottes ont déjà renforcé Dadis dans son projet. Ils lui demandent de “prendre le temps qu’il faut pour nettoyer la maison“. Ces lèche-bottes qui ne sont pas à leur première expérience, avaient léché celle de Lansana Conté au point qu’ils avaient fini par tomber dans ses défaveurs.

 

En soutenant la junte, les politiciens guinéens ont raté l’opportunité d’en finir, une fois pour toute, avec les régimes militaires en camouflage civil. Pour une fois encore, faut-il attendre deux précieuses décennies pour savoir si la junte va respecter ses engagements ou non ? Le capitaine Dadis va-t-il se métamorphoser en ce civil aux “mains propres“ ? Maudit soient les lèche-bottes et les bottes qu’ils lèchent.

 

Dans cette attente, Dadis semble être résolu à abuser militairement de la confiance de nos ex-opposants et de la patience de nos syndicalistes qu’il a mis au chaumage politique et syndical du 23 décembre 2008 au 27 février 2009. Ces derniers se sont impatientés au point que Hadja Rabiatou Serah Diallo a haussé un ton syndical avec modestie. Histoire d’éviter une réponse militaire sauvage du genre « janvier-février-2007. »

 

Ça vaut la peine de rappeler à la junte qu’elle est tout d’abord militaire. Et comme telle, elle devrait se contenter de rester là où elle appartient : les casernes. Pas de compromis à ce sujet puisqu’en 1984, les Guinéens et la communauté internationale avaient mordu à l’hameçon de Lansana Conté et y sont restés accrochés, 24 ans durant, entre promesses de “démocratie“ et “bonne gouvernance“. Mais cette fois-ci seuls les ex-opposants et l’organisation de la société civile semblent être pris au piège militaire.

 

Une armée qui a été incapable de nous apporter un minimum de quiétude sociale pendant 50 ans, pourra-t-elle réellement nous mener vers une véritable démocratie ? L’armée nous a fait preuve de sa carence de culture démocratique. L’expérience vécue pendant 24 ans nous fait douter de la bonne volonté de ces militaires d’avoir un gouvernement civil qui n’est pas soumis aux fantaisies de l’armée.

 

Comme son parrain, le capitaine Dadis a non seulement “goûté“ au pouvoir, mais aussi il a réussi à mettre en place une jolie équipe militaro civile qui pourra lui permettre de légitimer et de garder le pouvoir aussi longtemps que possible avant de passer la main à un autre militaire. Si Dadis tente et réussit l’exploit du général Lansana Conté de 1993, il faut bien se demander si la Guinée n’est pas sur le point de devenir un “royaume militaire“ mafieux à succession par parrainage ? Il faut bien le redouter si le capitaine guinéen n'est pas “balayé“ comme le général ivoirien.

 

Dadis qui mettait son épouse, ses enfants et sa propre mère dans spectacle inédit de télévision sous forme d’interview, nous tenait en haleine. L’objectif était de convaincre qu’il n’était ni “riche“ ni “corrompu“ et qu’il n’avait “aucune intention de s’éterniser au pouvoir“. C’est raté, puisqu’il rejoint ainsi le colonel Lansana Conté qui disait en 1984 : « Nous sommes montés au pouvoir pauvres. Tout ce que vous verrez avec nous, c’est qu’on l’a volé. »

 

En moins de deux au pouvoir, Dadis dit avoir “refusé une offre de 22 millions de dollars“ d’une société minière de la place parce que l’objectif était “de l’endormir“. Nous devons nous attendre à une action en justice contre les auteurs présumés de cette “tentative de corruption“ au plus haut niveau si réellement le capitaine Moussa Dadis Camara n’avait pas empoché les billets verts.

 

Pourquoi Dadis s’entoure t-il d’une batterie de conseillers dont certains sont liés à certains intérêts de la place ? Pourquoi fait-il créer des mouvements de soutien si le CNDD ne s’inscrit pas dans la durée ? En quoi Dadis serait-il différent de Lansana Conté en dehors de la pointure de leurs brodequins ?

 

Espérons que notre capitaine ne manigance rien pour faire partie de la prochaine course. Il faudrait l’en empêcher pour éviter de revivre le scénario des élections de 1993. Si le capitaine réussit à se présenter aux élections, rien ne nous indique que les élections seront équitables lorsqu’il pourrait, comme son parrain, les dérober et se faire acclamer comme le héro qui nous a évité de justesse “la guerre civile et le bain de sang“ ?

 

Les forces vives de la nation viennent de proposer la tenue des élections législatives en novembre et la présidentielle en décembre 2009 au sortir d’une réunion mercredi dernier. Mais, la junte semble plus préoccupée par sa “lutte contre la corruption et les narcotrafiquants“ que par le retour à la vie constitutionnelle. Il ne serait donc pas étonnant de voir le CNDD proposer son chronogramme à défaut de l’imposer.

 

Le CNDD du capitaine Dadis semble être à la recherche du temps et des moyens nécessaires à son occupation de la scène politico militaire à travers les urnes. Ce qui va certainement rassurer ceux qui demandent “le retour à la vie constitutionnelle normale“ et clouer la bouche à tous ceux qui lui avaient apporté un soutien précieux au moment où il en avait tant besoin.

 

Pour l’instant, le jeune capitaine s’éclate à fond dans la liesse populaire dont il se fait entourer à travers le pays. Ce ne serait pas étonnant qu’il aille jusqu’à la limite du plaisir. Les ex-opposants politiques ne doivent pas être jaloux du capitaine. Certains estiment qu’ils doivent plutôt rejoindre “les masses populaires“ qu’ils ont inspiré au lendemain de la prise du pouvoir par la junte. D’autres pensent qu’en soutenant la junte le 23 décembre 2008, ils ont rompu avec leurs propres convictions.

 

Certains vont jusqu’à dire qu’en plus de l’armurerie, Dadis a aussi réclamé les clés du caveau de la Banque centrale (auxquelles il n’a pas droit) pour y puiser ce qui lui servirait à l’achat de conscience aux quatre coins de la Guinée avant de troquer sa tenue militaire contre un boubou et se faire élire président et continuer à protéger les intérêts de son parrain.

 

La junte doit nous faciliter son retour apaisé dans les casernes avant la fin de décembre 2009. Cela permettra au nouveau président démocratiquement élu de continuer “la lutte contre la corruption et les vrais narcotrafiquants“. Autrement, du CMRN au CNDD l’armée nous a fait subir une arrogance militaire à outrance pendant vingt quatre années. Il faut que ça s’arrête ! Sur terre, il y a une fin même pour les bonnes choses.

 

Amdy Salam Diaw

Contact : amdysalamdiaw@yahoo.fr

Source :
www.ondes-guinee.info  

Posté le 18-3-2009 à 23:57

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21 avril 2009 2 21 /04 /avril /2009 14:07

Au lendemain du coup d’Etat en Guinée de décembre dernier, la Junte avait annoncé la formation d’un gouvernement dirigé par un Premier ministre chef du gouvernement pour organiser des élections crédibles dans un délai de dix-huit mois. Deux semaines après la nomination de M. Kabinet Komara à ce poste, le nouveau gouvernement attend de voir le jour.

Selon certaines indiscrétions dans l’entourage du nouveau Premier ministre, M. Kabinet Komara ferait l’objet de fortes pressions pour affecter certains postes clés à certains partis politiques qui soutiendraient la Junte. M. Komara lui-même aurait des affinités de longue date avec un de ces partis. Mais, cette relation “n’aurait aucune influence négative sur les actions de son gouvernement puisqu'il a la réputation d'un homme intègre“, selon un proche du Premier ministre.

 

Ce qui est encore plus inquiétant en plus du souci de l’équilibre dans ce premier gouvernement de “l’après Conté“, “c’est la pression qu’exercent certains membres du CNDD qui proposent leurs parents ou amis au Premier ministre. D’autres manifestent le désir d’appartenir au prochain gouvernement. Le tout sur fond de menaces voilées“, selon ce proche de Komara.

 

Dans les jours à venir les Guinéens peuvent s’attendre à un nouveau gouvernement. Pas celui des miracles mais de l’espérance. Il faut donc qu’ils diluent leurs rêves dans une bonne dose de tolérance en s’attelant au travail. Car, à ce qu’on voit au quotidien en Guinée, le chemin à parcourir est plus long que celui des cinquante dernières années.

 

Amdy Salam Diaw à Conakry

 

Source : www.ondes-guinee.info

14-01-09 16:02

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21 avril 2009 2 21 /04 /avril /2009 13:59

“Il y a des moments pour rêver“ dit-on, “des moments pour réaliser nos rêves et des moments de ne plus rêver“. Après notre choix de “ la pauvreté dans la liberté…“ et la première expérience du 3 avril 1984, c’est “le moment de ne plus rêver de réaliser nos rêves“ avec une Junte.

Cinquante ans ne suffisent certainement pas pour réaliser des rêves pour un pays. Mais ce temps est aussi nécessaire que suffisant pour jeter les bases d’une solide démocratie qui devait nous permettre de rêver et réaliser nos rêves d’une vie modeste et décente. Mais avec une milice transformée en armée nationale gérée pendant cinquante années par deux présidents incultes, nous vivons pleinement les conséquences.

 

Nous savons ce que vaut notre armée : coups d’Etat et promesses non tenues ; trafique d’armes et de drogue ; répression sanglantes et mutineries alimentaires répétées suivies de vols, de viols et de pillages à grande échelle. Faut-il confondre les mots aux maux d'une junte et attendre le pire ? Celle-là même qui s’est engagée dès le départ à poursuivre l’œuvre du défunt général-président Conté va-t-elle nous mener vers un processus démocratique fiable ? Il faut vraiment être guinéen pour y croire.

 

Nos soldats sont si braves qu’ils ont érigé les coups d’Etat contre les cadavres en tradition nationale. Bravoure militaire ou indiscipline notoire d’une armée brute, ce phénomène propre qu’à la Guinée couvre notre pays de honte. Un de ces “braves soldats“ s’est caché pendant douze ans après une mutinerie alimentaire. Il n’est rentré au bercail que quand il s’est assuré que Lansana Conté est bien mort.

 

Si la Guinée garde toujours son armée ce n’est pas parce qu’elle redoute un éventuel envahisseur, mais parce qu’elle n’a pas où “confier“ ces récalcitrants qui grouillent comme de la vermine dans les casernes.

 

Dans cette armée un sergent peut se permettre d’appeler un général ce “machin-là“ (Pivi au général Baïlo Diallo) et un Capitaine peut donner des ordres à un général (Moussa Dadis Camara au général Mamadou Toto Camara). Nos braves “soldats-mutins“ alimentaires ne s’occupent que leur ventre et leur bas-ventre. Quelle discipline vont-ils imposer ? Avec l'indiscipline qui caractérise ses éléments, peuvent-ils réellement mettre ce pays sur les rails de la démocratie “après dix-huit mois“ comme le dit le Capitaine Moussa Dadis Camara ? Il faut être très guinéen pour y croire !

 

Aboubacar Somparé qui se cache derrière une Constitution caduque qu’il a activement aidé à tripatouiller pendant seize ans, veut que soit respecté le seul article faisant de lui le troisième président guinéen pour soixante jours après le général Lansana Conté. Mais l’Etat de droit ce n’est pas seulement un article. C’est un ensemble de règles qu’il faut respecter pour permettre au mécanisme de fonctionner correctement. C’est là l’importance d’une démocratie qui fonctionne : chacun est protégé.

 

Entre la succession pestiférée de Aboubacar Somparé pour deux mois et une junte cholérique qui nous prose une transition de dix-huit mois, nous avons deux mauvais choix. La junte s’est imposée sous la menace du canon qui devrait assurer notre défense. Nous sommes forcés de l’accepter par “défaut“, ne serait-ce que jusqu’en mars 2009 ou 20 ans plus tard.

 

Les Guinéens ne peuvent-ils pas espérer ou demander mieux qu’une junte ? Nous avons vécu assez de surprises désagréables avec cette armée indisciplinée avec sa hiérarchie et un peu trop cruelle avec nous.

 

Adepte des acrobaties de la fraude électorale, rien ne nous indique qu’avec Somparé les élections seraient équitables. La junte qui aurait un agenda caché, n’en fera pas mieux que de truquer les élections en faveur du Capitaine Moussa Dadis Camara ou à défaut, en faveur de ses parrains qui tirent sur les cordes manipulatrices.

 

Soyons donc très prudent dans nos rêves avec une junte en service commandé. Nous n'aurons pas mieux que ce que nous a servi, 24 ans durant, sa défunte ainée.

 

Source: www.ondes-guinee.info

11-01-09 23:42

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21 avril 2009 2 21 /04 /avril /2009 13:07

Ces hommes politiques guinéens qui ont apporté leur soutien au coup de force de la junte en Guinée le 23 décembre 2008 se rendrons compte très bientôt qu’ils se sont mis le doigt dans l’œil jusqu’au coude. Ils ont aidé le capitaine Moussa Dadis Camara à “voler un œuf“, il “volera le bœuf“ tout seul.

Le comble : il nomme un ivrogne au gouvernorat de Conakry et transforme son garde du corps Claude Pivi alias Coplan en “ministre de la sécurité présidentielle“. Celui-là même qui se donnait en spectacle autours d’une cargaison de drogue qui aurait appartenu à un baron de la drogue à Conakry au mois de mai 2008.

 

La junte, comme son aînée du 3 avril 1984, semble réussir un autre coup: celui de tromper la vigilance des occidentaux avec de simples promesses d'organiser des élections. Elle commence déjà à avoir la reconnaissance internationale.

 

Après le soutien du Sénégal, elle bénéficie de celui du redoutable Kadhafi qui aurait parrainé de multiples rebellions en Afrique y compris celles du Libéria et de la Sierra Leone. La France se dit “satisfaite“ des engagements pris par la junte mais reste vigilante jusqu'à l'aboutissement des ses promesses.

 

Les États-Unis qui ont suspendu leur aide à la Guinée, réclament avec les pays de l'Union européenne le rétablissement d'un ordre constitutionnel et d'un gouvernement civil.

 

En dépit de toutes ces mesures, Dadis ne manquera pas d’idées lucratives qui lui permettront de garder le pouvoir aussi longtemps que possible. Avec nos intellectuels pourris, rien n'est plus facile que de trouver les bonnes formules, les programmes et les slogans démagogiques qu'il faut. Il ne suffit que d'obtenir le poste de premier ou dernier ministre. Les bailleurs de fonds suivront. Ils ne demanderont pas mieux.

 

En Guinée, ne l’oublions pas, le militaire est arrogant. Il méprise le civil et le considère comme un “ennemi“ à abattre. Il tire sur lui à balles réelles quand se dernier réclame ses droits légitimes par des marches pacifiques. Il pille ses biens, viole ses femmes et ses enfants. Son patriotisme se limite à faire un coup d’Etat contre le cadavre de l’homme qu’il a servi pendant des décennies.

 

Après tout, “une armée qui n’a pas de guerre à mener à l’extérieur de son pays, déclenche une à l’intérieur. “ (Barbara Tuchman dans “The Guns of August“).

 

S'il y a une frange "républicaine" de l’armée, ce n’est pas celle que l’on voit s'entourer de démagogues et qui fait la fête en se distribuant des gallons avec arrogance au camp Alpha Yaya Diallo. Cette frange, si elle existe réellement, doit être loin... très loin du CNDD.

 

Amdy Salam Diaw à Conakry

 

Source : www.ondes-guinee.info

08-01-09 00:40

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21 avril 2009 2 21 /04 /avril /2009 10:19

Dans un communiqué rendu public par la Junte, le colonel Mouammar Kadhafi, guide de la Jamahiriya arabe libyenne est attendu aujourd’hui à Conakry. Après une visite controversée à Freetown capitale de la Sierra Leone, où sa présence a créé un remous, il compte être reçu en grande pompe.

Le guide libyen qui aurait parrainé la quasi totalité des rébellions en Afrique, aurait été l'un des principaux "parrains" de celles du Libéria et de la Sierra Leone des années 90 qui ont fait des centaines de milliers morts et des millions de déplacés. Ce qu'il a toujours refuté.

 

Si cette visite de matérialise, le colonel serait le premier chef d’Etat à rendre visite à la Junte de Conakry depuis sa prise du pouvoir suite à la mort du général président Lansana Conté le 23 décembre dernier.

Amdy Salam Diaw

 

Source : www.ondes-guinee.info

03-01-09 08:54

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20 avril 2009 1 20 /04 /avril /2009 18:17

Le Bag (Bloc africain de Guinée) et d’autres formations politiques décident de fondre dans le PDG (Parti démocratique de Guinée), comme un morceau de beurre dans une poêle chaude suite à la violence inouïe vécue en Guinée avant le referendum de 1958. Raison évoquée : « éviter la division et confrontation tragique ». Résultat : suicide collectif des partis politiques et arrêt de mort de la jeune démocratie; le camp Boiro servant de porte au tombeau de milliers de guinéens après l’invention du « complot permanent ».

 

26 ans plus tard, sous prétexte d’éviter une fois de plus « la division et la confrontation tragique », des traîtres du PDG en uniformes et complices du 3 avril 1984 utilisent le colonel Lansana Conté comme « pion de façade » pour s’emparer du pouvoir. L’objectif réel étant simplement d’effacer à la tête de l’Etat une succession à coloration clanique.

 

Dans cette optique, les démons du PDG seraient enchaînés et les esprits opprimés, depuis plus d’un quart de siècle, calmés. Il fallait donc pour cela, créer un « minimum de stabilité » pour que les « miliciens » du PDG, tapis dans l’ombre, « reprennent » le pouvoir sous un autre manteau.

 

Le Colonel Lansana Conté, considéré par ses complices comme « analphabète » prend le dessus. Résultat : lâche assassinat ciblé d’anciens dignitaires du PDG au pied du mont Gangan à Kindia et le Colonel Diarra Traoré après le « Wo fataara » de juillet 1985. Lansana Conté écarte progressivement sur son chemin tous ceux qui espéraient lui « retirer » le pouvoir. Huit ans plus tard, il organise des élections truquées pour légitimer sa position à la tête de l’Etat guinéen.

 

Au fil du temps et avec l’aide d’intellectuels démissionnaires, d’officiers pourris, de politiciens véreux et d’hommes d’affaires mafieux, le général Conté parvient à perpétuer un système où rare sont ceux qui ont la chance d’échapper à la corruption et vol de deniers publics. Le phénomène est si endémique que tout le pays s’y retrouve piégé comme dans une toile d’araignée aussi énorme que la carte de la Guinée elle-même.

 

Et pour éviter une nouvelle fois la « confrontation tragique » en Guinée, le général Conté prépare sa succession (par son fils Ousmane Conté ?) en douceur après la mutinerie du 2 et 3 février 1996. Il débourse de fortes sommes d’argent pour distiller la rumeur sur son état de santé en déclenchant une campagne de presse « intelligente » afin d’asseoir l’idée qu’il est malade au delà de la réalité.

 

Entre temps, il effectue des visites privées à Cuba et en Suisse pour confirmer la dégradation irréversible de sa santé. Une bonne stratégie de dissuasion pour les éléments mécontents de l’armée. Puis, c’est le grand coup de balaie et l’épuration dans les casernes.

 

L’État guinéen, pris en otage par la mafia militaro clanique, est sur la voie de la disparition pour donner naissance à un nouveau « narco-État » aveugle. Un nouvel État qui serait la plaque tournante infernale du trafic de drogue, d’armes et d’êtres humains.

 

Le drame est que les services de renseignements occidentaux le savent et se taisent pour des raisons « diplomatiques » ou « stratégiques » à cause de la guerre en Sierra Leone et au Libéria.

 

Déjà, des trafiquants de drogues munis de « Laissez-passer » délivrés par la Présidence de la République se baladent dans la cité et à travers le pays et la sous région dans des voitures 4x4 climatisées servant de relais à la mafia vénézuélienne. Le rejeton du chef de l’Etat, Ousmane Conté utilise l’hélico présidentiel pour acheminer son « stuff » vers la Guinée Bissau et d’autres points transits.

 

Des passeports diplomatiques sont délivrés à certains. Un haut fonctionnaire guinéen et son épouse ont même été emprisonnés à l’étranger. En 2000-2001, un trafic de pierres précieuses, de drogue et d’armes qui avait mal tourné et dégénéré en règlement de comptes à différents endroits de nos frontières avec la Sierra Leone et le Libéria avait été qualifié « d’agression rebelle ».

 

Aujourd'hui, le pays est gouverné au gré des caprices des multiples premières dames du président Conté (les plus connues étant Henriette et Kadiatou Seth Conté). Elles ont leur clan et « lobby » affairistes mafieux. Pire encore, la jalousie des deux co-épouses du président se fait ressentir à tous les niveaux. Chacune impose au chef de l'État un quota de ministres, de hauts fonctionnaires, d'officiers, etc..., de sorte que des réseaux et leurs ramifications occultes gangrènent l'armée, la police, la gendarmerie, la douane et l'Administration publique (y compris nos missions diplomatiques). Il y a même des réseaux de renseignements parallèles au service de ces clans.

 

Avec la substitution certaine de l’État par les clans du président et ses épouses, aucun changement réel en faveur des populations n'est possible en Guinée sans le démantèlement préalable du système. Aucune élection libre, transparente et juste n’est possible. Il faudrait même anticiper une terrible confrontation entre ces multiples clans en cas de vacance du pouvoir.

 

Une telle éventualité mènera inéluctablement le pays vers le chaos qui risque de dégénérer en un conflit armé sanglant ave de graves conséquences. Compte tenu du fait que ces clans ont tissés des alliances dangereuses non négligeables à l'extérieur du pays. Sur place, l'injustice, la misère, la haine de l'un contre l'autre, l'amertume et l'accès facile aux stupéfiants sont des ingrédients pour alimenter une guerre civile qui pourrait embraser tous les pays voisins.

 

Si le vieux Général finissait ses jours au pouvoir, rien n’indique qu’il y aura un changement réel. Chaque clan se sentant prédestiné à gérer la Guinée pour l’éternité souhaiterait le succéder. Conséquence : déclanchement d'une guerre féroce pour préserver le pouvoir et les privilèges mal acquis.

 

Le chaos à la place d'un État organisé favorisera la floraison de tous les trafics qui s’installent déjà de façon graduelle. La communauté internationale et les dignes fils de ce pays ne devraient pas attendre qu’il soit trop tard pour réagir. Il faut trouver les moyens d’arrêter maintenant l'émergence de ce nouveau narco-État.

Baba Telly
Contact : ababatelly@yahoo.fr
Source :
www.ondes-guinee.info 
Posté le 28-9-2005

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20 avril 2009 1 20 /04 /avril /2009 18:07

 

Depuis 50 ans chaque guinéen est une proie potentielle pour l’armée. Les camps militaires ont été des boucheries humaines. La haute hiérarchie militaire s’est illustrée dans toutes sortes de trafics illicites, parrainés au plus haut niveau de l’Etat.

 

Sous le règne du Général Lansana Conté, l’armée a eu réputation d’être un énorme gouffre financier insondable et un paradis pour transactions sordides. Il serait pratiquement impossible de faire la lumière ici-bas sur toutes les fausses factures de livraisons de riz, d’armes, de véhicules militaires…

 

Le 23 décembre 2008, l’armée s’est introduite nuitamment par la petite porte et poser sa culotte (une de plus) sur le pouvoir. La mort de Lansana Conté en a été l’occasion propice pour ce genre de délinquance militaire que certains se plaisent d’appeler “patriotes“ avec complaisance. C’est avec ce même “patriotisme“ que le colonel Lansana Conté, qui était le “Pivi“ de Sékou Touré, avait attendu la mort de ce dernier pour cambrioler le pouvoir en 1984 avec ses complices. Il finit par transformer la Guinée en ce Narco-Etat que nous connaissons aujourd’hui.

 

Il a fallu plus de deux décennies à Lansana Conté pour banaliser les crimes commis par le régime de Sékou Touré pendant 26 ans afin de mieux les enfouir dans l’oubli et le blanchir. Il en faudra la même période au capitaine Moussa Dadis Camara pour détruire les preuves des crimes par le régime de Lansana Conté en 24 ans. Il avait solennellement pris l’engagement du vivant du président Conté et a fait la confession publique dans la presse.

 

Nous ne devons pas accorder à Dadis la chance de réaliser le rêve de troisième dictateur en Guinée. Nous devons nous mobiliser pour que les militaires restent à jamais dans les casernes et à nos frontières. Pour briguer la magistrature suprême et légitimer ce qu’ils nous ont cambriolé, les militaires ne doivent plus troquer la tenue contre un boubou sous lequel ils dissimulent la kalachnikov.

 

Il est tout aussi inadmissible que nos hommes politiques et nos syndicalistes se muent en “Colonels“ ou “Généraux“ accompagnés de leurs militants, kalachnikov en bandoulière, pour prendre le pouvoir illégalement en une nuit. Et c’est exactement ce que font nos “braves“ soldats. Ils ne sont “patriotes“, “démocrates“ et autres blabla qu’après avoir fait un coup d’Etat.

 

Avec sa “bravoure“ habituelle, c’est elle qui nous a imposé “sans effusion de sang“ le capitaine Moussa Dadis Camara et son CNDD le 23 décembre 2008. C’est à elle aussi de nous débarrasser, “sans effusion de sang“, de ce capitaine déconcertant et encombrant pour la démocratie.

 

L’armée guinéenne doit rompre une fois pour toute avec ses vieilles habitudes. Nous n’avons pas besoin d’une troisième dictature quelque soit le prétexte. Tous ensemble, dans une pétition, disons “Non !“ à la troisième dictature qui se prépare.

 

Amdy Salam Diaw

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23 janvier 2009 5 23 /01 /janvier /2009 11:15

Les multiples ex Premières dames du défunt président Lansana Conté, son clan et ses proches; les vrais prédateurs de l'économie guinéenne et les vrais barons de la drogue peuvent tous dormir tranquillement sur leur butin. Le scénario de l’après Conté, bien préparé de son vivant, se déroule comme prévu.

Le jour du décès du général Lansana Conté, Alpha Ibrahima Keïra alias Otis, (ex ministre secrétaire général à la Présidence et beau-frère de la deuxième Première dame Hadja Kadiatou Seth Conté) aurait fait parvenir au Cpt Moussa Dadis Camara une forte somme d’argent à travers un de ses fils qui aurait été promotionnaire du chef de la Junte militaire.

 

Cet argent aurait servi à mobiliser les troupes, acheter du carburant et prendre la radio nationale, première cible des putschistes. Le concours de Laye Keïra, alors chargé du protocole de Aboubacar Somparé l'ancien président de l'Assemblée nationale guinéenne, aurait été sollicité. C'est lui qui aurait rédigé le premier communiqué de la Junte après la prise du pouvoir. Laye est le frère de Alpha Ibrahima Keïra alias Otis.

 

Selon des sources concordantes, le Cpt Ousmane Conté, fils du défunt président guinéen avait auparavant fait savoir qu’il aspirait à remplacer son père à la tête du pays bien avant le décès de celui-ci et envisageait un scénario à la togolaise. Des proches parents de la famille du défunt jugeaient ce scénario non seulement irréalisable, mais aussi comportait beaucoup trop de risques. Ils estimaient que même la succession prévue par la Constitution n’était pas en leur faveur. Pour éviter “une situation de révolte généralisée“ à travers le pays, la Junte et ses complices se sont organisés à “neutraliser“ Ousmane Conté en utilisant des substances toxiques.

 

Le Cpt Conté devait faire “une cure de désintoxication dans une clinique spécialisée en Suisse“ et selon certaines indiscrétions, sa vie ne serait plus en danger. Cependant, une autre source précise que la Junte guinéenne redoute des attaques sérieuses pour les déloger à partir d’un pays voisin comme la Guinée-Bissau dès qu’il va se relever.

 

La Junte qui a confié à Laye Keïra la direction générale du Fonds minier qui se chiffre à plus d’une centaine de millions de dollars exprime ainsi la gratitude du Capitaine Dadis Camara pour le soutien et la loyauté à la Junte. Le commandant Keletigui Faro, un proche de Keïra Otis, est un homme de confiance nommé au poste de ministre Secrétaire général de la Présidence pour “dissimuler des dossiers sensibles“ laissés dans les placards du défunt Lansana Conté.

 

Selon une source proche de Junte, des anciens ministres proches de Lansana Conté tel que Kassory Fofana et certains leaders de l’opposition comme Alpha Condé et Sidya Touré auraient indirectement participés à la préparation du coup de force. Et suite à la détérioration irréversible de la santé du général Conté et son état de comas prolongé ces derniers temps, ils ont effectué les démarches nécessaires auprès de certaines personnalités importantes dans la sous région pour obtenir l’appui de base nécessaire.

 

La participation de l’ex Premier ministre Lansana Kouyaté dans le lobbying en faveur de la Junte était si significative que le Guide libyen n’avait pas tardé à se rendre au chevet de la Junte au lendemain de la prise du pouvoir malgré la vague de condamnations de la Communauté internationale.

 

Toutefois, la Junte estime avoir “une mission importante et indispensable“ à accomplir avant de rendre le pouvoir. A ce qu’on peut lire entre les lignes, le Cpt Moussa Dadis Camara s’est assigné un programme mais n’envisage aucune date limite précise pour accomplir ce programme. Le Capitaine Dadis avait dit que son idole, le général Lansana Conté, avait parfaitement raison de le prévenir que les leaders de l’opposition sont “trop pressés pour pouvoir“ et n’ont pas assez de “respect pour les militaires“.

 

D’autre part, le général Sékouba Konaté, ministre à la Présidence chargé de la défense nationale et deuxième vice président du CNDD, serait proche de certains leaders de l’opposition qui espèrent avec obtenir des postes clés comme la Défense, la Primature, la Présidence, la Sécurité, le Ministère de l’Intérieur et la CENI et gagner sans difficultés les élections après la période de transition.

 

Mais le soutien du Guide libyen semble avoir compromis la réalisation d’un tel projet puisque lors de sa visite à la Junte après sa prise du pouvoir en décembre 2008, le colonel Mouammar Kadhafi avait sérieusement mis en garde le Cpt Dadis Camara contre toutes “pressions extérieures“ dans le but de le forcer à “rendre le pouvoir aux civils“, selon un proche du chef de la Junte.

 

En outre, le colonel Kadhafi lui aurait fortement recommandé de se contenter de rester à la tête de l’Etat en conservant son grade de Capitaine. Il lui aurait aussi suggéré d’élever en grade ses collègues du CNDD et les soldats afin rehausser le moral des troupes. Il aurait ainsi confirmé son “désintéressement aux biens matériels et au pouvoir“.

 

“Il ne faut pas céder à la pression extérieure et au chantage intérieure des politiciens“, avait-il conseillé au chef de la Junte guinéenne selon une source proche de ce dernier. “Vous devez plutôt vous entourez de personnes de confiance et vous attaquez immédiatement aux problèmes intérieurs en lançant de grands projets de développement pour occuper vos populations au lieu de vous soucier des critiques émanant de la communauté internationale “, aurait conclu le Guide libyen.

 

Le premier gouvernement post-conté est essentiellement composé de militaires proches de la famille du défunt présidents et des civils qui sont en majorité des parents, des amis et collaborateurs d’affaires du Capitaine président Moussa Dadis Camara en dit long.

 

De source proche d’un parti de l’opposition favorable à la prise du pouvoir par la Junte, le Cpt Moussa Dadis Camara ne semble accorder d’importance qu’à deux choses : “se maintenir au pouvoir aussi longtemps que possible et respecter sa promesse de protéger la famille et les proches du défunt général président Lansana Conté en faisant des boucs émissaires“. La Junte aurait ainsi trahi, selon certains, “ses engagements“ envers l’opposition qui lui a apporté tout son soutien.

 

Et pour d’autres, cette opposition guinéenne qui ne serait pas plus démocratique que les régimes du défunt général Lansana Conté et son héritier le Cpt Dadis Camara ne pourrait alors que prendre le maquis.

 

Et ça, il faut le redouter.

 

Amdy Salam Diaw




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