Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
18 août 2009 2 18 /08 /août /2009 16:08

Tout est fébrile en Guinée pendant cette période de forte et anesthésiante chaleur. Par ordonnance n° 051, le capitaine Dadis nous prescrit le CNT, un médicament de plus de 250 comprimés plus ou moins effervescents. La durée du traitement serait de 30 jours ! Avec une telle dose, ne risque-t-on pas l’overdose ?
 
Examinons certains aspects de la répartition des 244 membres « avec 7 membres du Bureau Exécutif » du Conseil National de Transition :
 
35 membres des partis politiques. Comment les répartir puisqu’on parle des partis (qui seraient presque une centaine) et non de partis, ce qui serait foncièrement injuste et potentiellement dangereux ?
 
2 pour les religieux. Les autres postes seraient-ils réservés à des athées ? Je ne demande pas à Dadis de se mettre au « Coran » mais nous voulons être au courant des critères du choix. Evidemment « les voies du seigneur sont impénétrables » !
 
10 pour les forces armées et de sécurité. C’est autant que la « zone spéciale de Conakry ». Cette zone s’étend-elle jusqu’au km 36 ? Notre pays est vraiment militarisé.
 
5 pour les enseignants. C’est 3 fois moins que pour les magistrats et auxiliaires de justice. Ce n’est pas juste. Il aurait fallu une meilleure pondération.
 
2 pour les paysans. C’est le scandale pour un pays à majorité rurale. Ce n’est pas parce qu’ils sauraient pas lire ou écrire en français qu’il faut les mépriser. Ce sont eux qui nous nourrissent en céréales, tubercules, fruits et légumes. Ce sont eux qui récoltent encore le « bandji », ce vin de palme qui n’est pas prisé que par nos « frères en uniforme ». Si la Guinée souffre, c’est aussi parce que nos dirigeants n’ont jamais été inspirés par le bon sens paysan.
 
2 pour les handicapés. Je ne sais pas si c’est 1 pour les handicapés physiques et 1 autre pour les handicapés mentaux ! Peut-être que l’auteur de cette proposition, probablement animé de bonnes intentions, est un malade qui s’ignore.
 
10 pour les opérateurs économiques. J’en suis choqué car il s’agit vraisemblablement de certains gros commerçants arrogants et ignorants de l’«import import» (je dis bien de l’import-import, car je ne sais pas ce qu’ils exportent !). Au lieu de construire des dispensaires et des écoles, leur souci est d’édifier des mosquées comme s’ils voulaient se faire pardonner de quelque chose d’inavouable par Allah.
 
Pour le CNT, j’aurais préféré que l’ordonnance n° 051 ne le dote que de 51 membres. Mais comme il faut caser des amis…
 
Sans transition, je vous livre ce que m’inspire le calendrier électoral qui nous est généreusement offert.
 
L’élection présidentielle est prévue pour le 31 janvier (1er tour) et le 14 février (second tour, ce qui n’est pas certain) et les législatives le 26 mars 2010 (un seul tour dans chacune des circonscriptions électorales ?). Donc pas d’élections avant la fin de l’année 2009. Un engagement n’a pas été respecté, ce qui est le cas le plus fréquent en Guinée. Ne pinaillons pas : Dadis a eu le mérite de donner des dates précises avant la fin de l’année ! Pour ce haut fait d’un «patriotisme» inégalé, il mérite une statue !
 
Cependant, avant l’érection éventuelle de cette statue, je ne voudrais pas mourir ignorant : Dadis sera-t-il candidat (pas à la députation de Koulé mais à la présidence de la république) ou non ? Notre chef de junte a dit ne pas être candidat en 2009. Cette restriction mentale ne laisse-t-elle pas entendre qu’il pourrait l’être en 2010 ? Pour éviter qu’il ne nous piège, je suggère que le dépôt des candidatures ait lieu avant le 31 décembre 2009 (pourquoi pas le 23 décembre, anniversaire de sa captation du pouvoir ?).
 
Soyons prudents, chers compatriotes. Dadis dit qu’il n’est pas assoiffé de pouvoir. C’est peut-être vrai, ses amis et lui n’ont jamais soif car ils boiraient beaucoup. Je pense qu’il est «affamé» de pouvoir….
 
La plus grave erreur serait de sous-estimer Dadis. Il se propose de conseiller les candidats à la magistrature suprême. Nous savons tous comment il est arrivé au pouvoir : c’est  par les armes même s’il n’avait en face de lui qu’un vide plutôt physique que juridique ; il s’y maintient grâce à ses armes qui, sous la menace de leur feu, ont fait taire toute opposition. Quelle dissuasion ! En dehors de MM. Aboubacar Sylla de l’Union des Forces du Changement et Mouctar Diallo des Nouvelles Forces Démocratiques, chacun caresse Dadis dans le sens des galons !
 
Le « démocrate » Dadis demande à ceux qui ne veulent pas aller aux élections d’aller ailleurs…On n’a plus le droit de rester dans son pays si on n’est pas d’accord avec son chef ? Le vote est-il obligatoire ?
 
Le vote concerne d’abord la présidence de la république, ce qui a un avantage et un inconvénient. Par optimisme non béat, je commence par l’inconvénient. Dans nos institutions actuelles, la présidence de la république en constitue la clé de voûte. Une fois élu, n’y a-t-il pas de risque d’avoir non pas une majorité présidentielle à l’assemblée nationale mais une assemblée présidentielle ? N’oublions pas qu’à moins de révision constitutionnelle, le chef de l’Etat « nomme aux emplois civils et militaires… ». On devrait dire « à certains emplois… » !
 
Nous voulons absolument la démocratie mais celle-ci n’est jamais la solution à tous les problèmes. J’ajoute qu’il n’est jamais facile de se battre juridiquement contre un dictateur « démocratiquement » porté à la présidence et précédemment prédateur. Le nouveau président prêtera serment devant qui et quelle institution ? Pensons-y dès maintenant. J’ai peur du retour de certains vautours et de ceux qui estiment n’avoir jamais participé à la gestion malhonnête du pays alors qu’ils l’ont fait par procuration au point de ne plus se prévaloir d’une quelconque virginité administrative.
 
Maintenant, parlons des avantages. Le simple fait d’avoir un civil à la tête du pays est un progrès significatif. Nous aurons un représentant qui parlera en notre nom et dont nous n’aurons pas honte même si nous ne sommes pas toujours d’accord avec lui. Je l’ai dit et répété, le kaki est passé de mode. Il faut que les militaires rentrent dans le rang, c’est-à-dire dans les camps. Dans un Etat de doit, c’est le militaire qui obéit toujours au civil. Les Korka Diallo (véritable bouffon), Toto Camara (aussi stupide que son homonyme), Thiégboro Camara (le brûleur de quartiers), Moussa Keita (démagogue aux propos irresponsables) et Pivi Coplan (tueurs, entre autres de policiers et recruteurs de milices tribales) doivent partir. Sékouba Konaté, prétextant une maladie, avait été évacué touristiquement au Maroc, aux frais de la nation, où il aurait même joué au football (quel « foot malheur » !). A son poste de la défense, ce ministre dépense, paraît-il, trop pour sa défonce. Il faut l’évacuer définitivement du pouvoir en même temps que Dadis. Tous ces officiers ont du sang, pas seulement dans les veines comme nous, mais dans les mains et même jusqu’aux coudes. Je souhaite du sang neuf pour le leadership guinéen mais pas de nouveau sang dans nos rues.
 
Pour les législatives, je ne veux pas réveiller des cauchemars. Mais le choix du 26 mars m’apparaît affreusement symbolique : le 26, c’est le 26ème anniversaire de la mort du tordu Sékou Touré qui a martyrisé le pays pendant 26 ans ! Une fois de plus, ne pinaillons pas, votons en masse pour une assemblée nationale qui se mettra , non pas au service du président de la république mais à celui du pays : toilettage de la constitution, commissions d’audits, transparence dans les secteurs économiques, surtout miniers, conférence nationale souveraine, etc. On ne pourra jamais faire l’économie de cette dernière quel que soit sa dénomination !
 
Dernière interrogation, quel statut (oublions la statue !) pour Dadis au matin du 15 févier 2010, si ce n’est pas lui le président élu (on ne sait jamais !) ? Il faut qu’on y pense dès maintenant. N’occupant plus les fonctions de chef de l’Etat et ne pouvant résider, pour des raisons sécuritaires, dans un camp militaire Dadis a droit, par humanité, à un domicile fixe et un traitement correct. Tout dépendra de son comportement actuel.
 
Je ne demande pas l’impossible à Dadis comme, par exemple, la chasse à l’ovni (objet volant non identifié) mais la traque d’OVNI (Officiers Violents Non Inquiétés). Il doit fermer le pénitencier de Kassa, devenu un terrible « Guantanamo » ou un « goulag tropical ». Il doit nous dire par une « amicale et fraternelle » pression sur Ousmane Conté qui avait affirmé devant tous qu’il ne mentait jamais, le véritable parrain de la drogue en Guinée (ou la marraine ?).
 
Le plus grand crime c’est l’introduction de la drogue en Guinée. Tuons-la avant qu’elle ne nous tue. On a parlé de découverte de produits chimiques servant à en produire. Ces produits, aux usages multiples, entrerait également dans la fabrication d’explosifs et de carburants. Quelle est réellement leur destination finale ?
 
Un monstrueux trafic de passeports avec falsification de patronymes a jeté la suspicion sur plusieurs membres d’une même communauté. Le narcotrafic étant juteux, il est aisé de comprendre que les criminels ne choisissaient en priorité que les leurs comme collabos. On veut tout savoir sur leur véritable identité et on le saura. C’est une question de temps. Ne dit-on pas qu’une main propre n’est pas difficile à lécher ?
 
Au fait, j’ai même oublié, à force de me focaliser sur Dadis, que la Guinée a un gouvernement dont même un premier ministre. Vous en souvenez-vous ?
 
Je vous salue.
 
Ibrahima Kylé Diallo

Directeur de www.guineenet.org

Partager cet article
Repost0

commentaires