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13 mars 2012 2 13 /03 /mars /2012 16:38

Le vendredi 9 mars 2012, un gotha d’officiers de la gendarmerie nationale était devant les journalistes de tout secteur confondu. Pas pour une conférence de presse.  Mais pour une séance d’excuse.

Les pandores étaient venus demander pardon aux scribouillards, suite à une bavure commise par certains de leurs qui étaient en exercice de leur fonction au siège de la Banque centrale de la République de Guinée sur une consœur de la presse écrite privée, en l’occurrence Kounkou Mara du Groupe de presse le Lynx-la Lance qui, elle aussi, était en exercice de sa fonction.

Le siège du Conseil National de la Communication que dirige Martine Condé a servi de cadre entre le Général Ibrahima Baldé patron du Haut commandement de la Gendarmerie nationale et les journalistes.

Les pandores demandent pardons aux scribouillards et promettent que plus jamais un de leurs ne va sévir sur un journaliste.  Un pardon accepté.

Cela était attendu. Car depuis le passage à tabac de la consœur par ces gendarmes furieux, on a assisté à une série de condamnation aux auteurs de cette sale besogne et de sympathie à la victime de la part de toute la corporation. Un fait à saluer et à raffermir pour consolider la confraternité au sein de la famille de médias guinéens et surtout de protéger les acquis de la liberté de la presse obtenue depuis la libéralisation de la presse en 1992.

Mais fort malheureusement, avant Kounkou Mara, d’autres citoyens ont été victimes des exactions commises par ce corps de l’armée nationale, sous d’autres cieux admiré, craint et respecté pour la rigueur, la discipline et l’ordre caractérisant les hommes et les femmes qui le composent.

Récapitulons

-A Kenyen, dans la commune de Dixinn, deux jeunes gendarmes s’en prennent à des mareyeuses, les tabassent et les spolient de leur argent.

-A Coyah, un camionneur transporteur du charbon est intercepté par quatre gendarmes et deux policiers armés et roulant dans un pickup. Le chauffeur, un certain Salifou Bangoura est tabassé et sa recette du jour lui est soutirée devant ses trois apprentis qui, impuissants et apeurés, ont assisté la scène. Présentement, on nous apprend que le chauffeur sorti avec beaucoup de contusions est hospitalisé à l’hôpital préfectoral de Coyah au frais de la préfecture.

-A Kindia pour un vol de moto  entre lycéens, l’élève Diarré habitant du quartier Tafory est bastonné à mort par des gendarmes dans les locaux abritant la gendarmerie départementale de cette ville. Sa mort a entraîné des émeutes pendant 72 heures dans la Cité de Manga Kindi.

-A Bomboli, dans la Commune de Ratoma, un jeune appelé ‘’Général’’ qu’on dit avoir été dénoncé dans le cadre de l’attaque armée intervenue il y a quelques jours au Rond point de Bambeto est enlevé par des gendarmes en civils et mis dans un pickup. Direction, l’escadron mobile de Hamdallaye. Quelques jours après, le corps du jeune homme est retrouvé à la morgue de l’hôpital Donka. Malgré l’insistance de parents, les gendarmes nient l’avoir touché. Au moment où  nous écrivons ces lignes, son corps serait toujours à Donka, après trois semaines depuis son enlèvement.

-A Labé, pour une banale histoire entre un élève et son maître, des gendarmes interviennent dans un lycée de la place, violentent les élèves, faisant des blessés. Et on parle de viols.

Pour tous ces cas, et tant d’autres intervenus, on trouve toujours au premier plan les gendarmes. Sous les régimes militaires, les militaires bérets rouges et policiers avaient la mauvaise réputation à cause de leur brutalité et leur arrogance. Sous le régime civil, les gendarmes qu’on croyait policés et disciplinés leur ont volé la vedette.

Certes, on nous apprend que pour tous ces cas cités ci-haut, les auteurs ont été radiés de l’effectif et mis à la disposition de la justice. Reste à savoir ce que fera cette dernière. Une tâche qui, en principe ne devrait pas être ardue dans la mesure où le Général Baldé, chef du Haut Commandant de la gendarmerie nationale est celui qui dirige la justice militaire. Une occasion pour lui d’extirper l’épine de ses pieds en sanctionnant ces malfrats à la hauteur de leur forfaiture. 

En tout cas, pour l’opinion publique, on ne peut pas se fier seulement au pardon du Haut commandement de la gendarmerie nationale à la presse. Le passage à tabac de la journaliste étant intervenu après les exactions de ce corps sur les civiles à Kindia et Labé ; et pour ces deux cas, on avait demandé pardon et exhorté les uns et les autres à la tolérance et au respect mutuel.

C’est dire que sans aucune mesure disciplinaire loin de toute complaisance, on ne serait pas à l’abri d’autres bavures voire une contagion aux autres corps habillés de l’armée nationale.

Oumar Kateb Yacine

LJ partenaire de BBNews

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