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5 octobre 2012 5 05 /10 /octobre /2012 00:27

Alpha conde 002AC, le chef contestable de notre territoire, a célébré à Boké, avec ses intimes, le 54ème anniversaire d’une proclamation, celle de la soi-disant indépendance de la Guinée. D’habitude, les festivités du 2 octobre ont un caractère « national » car tous les citoyens du pays (travailleurs, oisifs, ivres, pitres, mouchards, malades, etc.) sont invités à faire la fête.

 

Sous Sékou, se soustraire à l’invitation était même considéré comme contre révolutionnaire et pouvait conduire son auteur sous les verrous. Les uns étaient plus égaux que les autres mais tous se sentaient Guinéens.

 

Vu sous cet angle, AC n’a pas su prendre la Guinée là où Sékou Touré l’avait laissée ! Il a fait sa fête avec ses Guinéens en évitant soigneusement l’opposition officielle.En temps normal, une fête ne se possède pas, elle se partage.


 

Au fait, le 2 octobre, toujours chômé et payé mais peu payant, ne devrait pas consister en une célébration mais en une commémoration. On célèbre ce qui fut et reste une joie ; on commémore ce qui rappelle une peine, à savoir une occasion ratée. « Indépendance, où es tu ? », s’était légitiment interrogé un certain Ansoumane Doré.

 

Voyons à cette occasion, 3 extraits de ce qu’a dit justement notre « professeur » d’occasion (il n’est pas du tout neuf) :

 

« Il est des moments forts dans la vie d’une Nation. Celui que la Guinée traverse aujourd’hui est l’un d’entre eux.  Il y a deux ans, nous avons une nouvelle fois forcé le destin, en opérant une transition forte, mais sereine vers la démocratie. »

 

« … il fallait du courage et de l’audace  pour vouloir se relever et marcher, alors que la Nation était encore lourdement handicapée par son économie malade, par ses drames nationaux et individuels. »

 

« Soyez fiers de vous ! Après des mois de sacrifices, la Guinée a atteint le point d’achèvement de l’initiative PPTE. Je ne vous parle pas seulement des 2,1 milliards de dollars d’allégement de la dette dont nous allons bénéficier. Je vous parle surtout de la crédibilité nouvellement acquise. Je vous parle surtout de la confiance retrouvée, à l’intérieur et à l’extérieur de nos frontières. Je vous parle surtout des emplois qui seront bientôt créés. »

 

Inutile d’insister sur les 2 premiers extraits car AC, lourdement handicapé par plus d’un demi-siècle d’aventures chaotiques, s’est toujours positionné non pas dans mais entre les moments fortsqu’il évoque lui-même. C’est très louche.

 

En revanche, il faut souligner sa fierté d'avoir vu la Guinée atteindre le point d’achèvement de l’initiative PPTE (Pays Pauvres Très Endettés). Chacun a le droit de rêver mais, cette fois-ci, AC hallucine ! Je vais expliquer en termes très simples, ce que signifie en théorie et en pratique cette formule kilométrique qui n’a rien de magique. Vous verrez alors que la Guinée n’a aucun motif de fierté à en bénéficier.

 

1°) en théorie

 

En partant du principe que réduire une dette facilite la lutte contre la pauvreté, le FMI et la Banque Mondiale ont lancé conjointement l’initiative PPTE en 1996 afin qu’aucun pays ne soit confronté à une charge d’endettement qu’il ne peut supporter. Depuis lors, ces 2 institutions ainsi que d’autres bailleurs de fonds ont œuvré pour rendre soutenable la charge de l’endettement extérieur d’une quarantaine de pays pauvres (dont au moins 30 en Afrique) très lourdement endettés.

 

Comme nous le savons tous, chaque fois qu’il s’agit de tendre la main pour appeler au secours, la Guinée, bénie par la nature mais « hyper maudite » au regard de son leadership, figure en bonne place. Là où certains pays moins dotés par la nature tendent leurs moignons pour demander l’aumône, la Guinée, affalée sur ses potentialités, tend ses 2 mains. Quelle honte ! L’endettement de notre pays n’a pas de justification économique et sociale ; il est le fruit d’une incurie politique et d’une corruption généralisée.

 

Mais attention ! Les dettes ne sont pas intégralement effacées; elles ne sont que réduites. Les montages de réduction de la dette en faveur des PPTE auraient permis, à ce jour, un allègement de près de 80 milliards de dollars US du service de leur dette au fil des ans, dont 2,1 milliards pour notre République de Guinée. Il ne s'agit que d'un calmant et non du médicament approprié. Les relations créanciers/débiteurs sont très ambigües. Beaucoup d'institutions financières ne doivent leur existence qu'à celle de pays très pauvres. Si ceux-ci sortaient de la misère, beaucoup perdraient leurs emplois. Finalement, on ne sait plus qui aide qui !

 

Bien entendu, pour bénéficier du mécanisme d'allègement, il faut passer par

 

2 étapes :

 

a) le point de décision où le pays candidat, pour être admissible à l’allègement de sa dette, doit remplir certaines conditions (pouvoir bénéficier de dons et de prêts à taux zéro de la part de l’Agence internationale de développement de la Banque Mondiale; faire face à une charge d’endettement trop lourde par rapport à ses capacités de remboursement ; accepter les réformes économiques préconisées par le FMI et la Banque Mondiale ; élaborer le fameux « Document de stratégie pour la réduction de la pauvreté »).

 

La Guinée a passé beaucoup de temps au niveau de ce point de décision. Elle a dû redoubler plusieurs fois avant de passer (par repêchage?) en classe supérieure ! Rien d’étonnant dans un pays où certains hauts cadres confondent même Aid (Agence internationale de développement) et Aïd (la fête du mouton) !

 

b) le point d’achèvement où, après avoir respecté les directives du FMI et de la Banque Mondiale, exécuté (ou essayé de le faire !) les grandes réformes convenues au point de décision et apporté la preuve de la mise en œuvre pendant au moins un an de son « Document de stratégie », le pays concerné bénéficie d’un allègement de sa dette.

 

La Guinée vient d’atteindre ce point : elle sort « diplômée » avec l’aide du « prof » à sa tête mais avec un diplôme de complaisance. En effet, voyons la réalité.

 

2°) en pratique

 

Prêter, c’est aider (tout dépend du montant du prêt et de son taux d’intérêt) mais ce n’est jamais donner ! Lorsque vous faites un don vous ne réclamez rien par la suite mais lorsque vous accordez un crédit à quelqu’un, vous espérez bien être remboursé selon des modalités convenues.

 

Il faut être clair : lorsqu’on efface une dette, c’est qu’on a plus d’autre choix puisque le débiteur est dans l’impossibilité de rembourser. Il y a un proverbe peulh qui dit : « ko addou! addou! soukki wo, alaa foolay ! », ce qui signifie à peu près ceci : quelle que soit la pression qu’exerce un créancier sur son débiteur insolvable (ou malhonnête), il n’en obtiendra rien !

 

La Guinée a bénéficié d’un allègement de 2/3 d’une dette estimée à 3,4 milliards de dollars US. Ce pays est-il « allégé » pour autant ? Non ! Il ne remboursait presque rien depuis longtemps. Il est même plus alourdi puisqu’il s’enfonce davantage. On applaudit (c’est un sport national) cet allègement comme une grande victoire. En fait, le pays a tellement été appauvri qu’il devient impossible d’en tirer quoi que ce soit. Faut-il se féliciter d’être dans un Etat qui mendie en permanence?

 

Je doute que cet allègement soit bénéfique pour la Guinée car il offre la possibilité pour AC de recourir à d’autres empruntspour se remplir les poches et celles de ses proches et pour entretenir une armée pléthorique devenue une milice privée. Dans un pays bien géré, l’allègement de la dette libère normalement des ressources supplémentaires pour satisfaire les besoins de développement. En Guinée, il libère d’autres appétits !

 

AC parle des 2,1 milliards de dollars US comme s’il les détenait dans un coffre et fait encore des promesses hystériques quant à leur emploi. Il n’a rien compris (a-t-il jamais compris quelque chose en gestion ?) du message des créanciers qui demandent aux pays bénéficiaires d’allègement de dette de consacrer les ressources ainsi libérées par ce mécanisme à préserver la paix et la stabilité, à améliorer la gouvernance et à doper les dépenses sociales (santé, éducation, etc.).

 

AC a perdu le Nord et ne peut même plus retrouver le Sud. Au moment où la Guinée vient d’atteindre au titre de l’initiative PPTE, le point d’achèvement (une admission que je trouve inadmissible), il faut achever le mandat usurpé de notre urticant et faux prof.

 

Je vous salue !

 

Ibrahima Kylé DIALLO

www.guineeweb.net

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