Cinq années durant, ils ont jeté leurs dévolus sur le régime de Lansana Conté, le traitant de tous les noms d’oiseaux. Mais voilà, depuis quelques mois, ils ont déshabillé Saint-Paul pour habiller Saint-Pierre - les mêmes arbres produisant les mêmes fruits, le système politique en Guinée n’a nullement changé. La situation politique, sociale, économique et sécuritaire est encore pire que par le passé. A moins qu’ils ne soient atteints d’une récurrente amnésie, du titre de véritables pourfendeurs des régimes militaires du temps du général-Président, ces pseudos cyberjournalistes sont de nos jours, les porte-paroles attitrés de la junte au pouvoir.
Ces snippers vocifèrent à tout bout de champs, prêts à en découdre. On ne saurait parler à leur niveau de la culture du
respect de l’étique et de la déontologie journalistiques. La région et l’ethnie sentent dans leurs écrits, je sens encore le souffre de l’ethno à lire leurs interventions téléguidées. Ils
avancent maintenant à visage découvert. Aujourd’hui, avec le recul, on comprend aisément le pourquoi de leurs acharnements souvent à l’abus du mensonge, contre le régime de Lansana
Conté.
Ces ‘’cyberjournalistes’’ doivent savoir une chose, même en trempant leur âme délavée dans une bassine de teinture, désormais, ils ne pourront plus lui donner un semblant d’éclat. Ils ont touché le fonds de la bassesse. Le journalisme, ce n’est pas de la littérature, encore moins un agencement de phrases aussi ridicules que stupides, stériles dans la forme et vides d’informations fiables et consommables dans le fonds. Le journalisme c’est un métier noble, on ne l’entreprend pas pour se faire la manne et fouler au pied les règles de base qui régissent le métier.
J’ai une boule au ventre et les larmes qui coulent, mais ce n’est rien par rapport à l’injustice dont sont quotidiennement
victimes les populations de ma très chère patrie. Ce n’est rien non plus par rapport à la rancœur que je porte en moi face à ces pseudos cyberjournalistes à la petite semaine qui ont vendu leur
âme à coup d’espèces sonnantes et trébuchantes. Des brebis égarées qui ne veulent pas retourner dans l’enclos des journalistes dignes de ce nom. Ils devraient pourtant pouvoir
se trouver un autre métier à exercer. Mais, il se trouve que rédiger sur la toile devient de plus en plus lucratif. Ces individus, de plus en plus, manquent de repères dans une société guinéenne
bien structurée. Ils trouvent un raccourci pour se faire valoir et deviennent des parvenus.
La populace ne sait plus sur quel pied danser. La politique de deux poids deux mesures que des cyberjournalistes leur offre se passe de commentaires. Implacable sévérité pour les uns et – sans souci de la déchirure humaine (emprisonnement des militaires à Kassa) ; mansuétude pour les autres – un militaire ne sera jamais poursuivi chez nous ? La démagogie a atteint son point culminant, le lècheculisme a été hissé au sommet de l’immoralité. La politique expiatoire mise en place par la junte envenime chaque jour le poison de l’injustice. Je n’appelle pas à leur mise au pilori. Il ne s’agit pas de les raser mais, de les dénoncer afin que le pouvoir en place ne s’imagine sérieusement, vraiment que les ‘’talents indéniables’’ du chef de la junte suffiront à faire passer la pilule des injustices en cascades qui ont libre cours en Guinée.
Ces ‘’cyberjournalistes’’ sont les nouvelles incarnations de cette chienlit tentaculaire de la junte. Les
militaires, on le sait, n’ont de cesse à étendre la gloutonnerie d’indexation à l’ensemble de la population. A sa probable candidature aux présidentielles, Moussa Dadis souhaite un plébiscite à
l’albanaise d’autant plus qu’il demeure flou. Devant les embûches qui se multiplient sur la route de la course au pouvoir, le président du CNDD ne pouvait que recenser des journalistes locaux et
des scribouillards de la toile pour arriver à ses fins. Ils sont bien rémunérés nous apprend-on.
Pour l’instant, ces Ubu journalistes n’ont pas séduit par leur style intellectuel et leurs nombreuses interventions
médiatiques ont été frappées par une certaine pauvreté argumentative et un langage minimaliste. Cette mondanité affichée et argentée - cette connivence entre la dignité citoyenne et la futilité
médiatique qui en découle est choquante.
Dans cette bataille des égarés de la République, figure en bonne place le Conseil National de la Communication – CNC et en
premier chef son Président qui a reçu un véritable camouflet en interdisant pour un temps soit peu, les interventions politiques des citoyens Guinéens sur les radios privées. Une liberté
d’expression chèrement acquise sous la deuxième République. Jean Raymond Soumah imprime ainsi le manque d’assimilation effective des connaissances acquises pendant son stage de formation dans
l’Hexagone.
Ces talibans de la pensée correcte ont trouvé une nouvelle cible - les politiciens, et plus précisément les candidats
potentiels aux présidentielles de 2010 qui feront de Dadis une bouchée au cas où il s’obstinait contre vents et marées à se présenter aux joutes électorales. Ils invectivent, ‘’mordent’’ et
‘’griffent’’ les leaders politiques paisibles qui n’ont pourtant rien de Néron pour l’instant.
Ces journalistes, cyberjournalistes et ‘’conseillers en communication’’ constituent autour de Moussa Dadis une
première vague de collabos : un peu de toc, de chic et parfois des parasites de l’aura présidentielle. Une seconde vague donne l’impression de s’approprier le haut du pavé en se laissant
assimiler à des intellectuels. Ils ne sont que des maîtres de la flatterie et des handicapés de l’universel.
Il est venu le temps de passer à la lessiveuse morale et non à la guillotine, certains compatriotes, le temps d’une méditation
sur notre avenir avec des militaires qui veulent se maintenir au pouvoir pour des décennies encore.
Abdoulaye Youlaké Camara
France - Paris