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Des militants et responsables de l’Alliance
Arc-en-ciel résidant dans les préfectures de Labé, Pita, Dalaba victimes des violences les 15 et 16 novembre 2010 sont en colère. Et pour cause. Ils ne digèrent pas l’accueil hostile dont ils ont
fait l’objet au siège du RPG et à la présidence de la République.
Venus récemment à Conakry pour rencontrer les chefs hiérarchiques de leur alliance, notamment le bureau exécutif du Rassemblement du Peuple de Guinée (RPG), et de surcroît le président de la République, le professeur Alpha Condé, ils ont été renvoyés comme des crasseux pour aller paître ailleurs. C’est du moins ce qu’ils ont confié à notre Rédaction avec documents à l’appui.
Selon ces documents fournis par ces victimes constituées en Groupe des sinistrés de Labé, Pita, Dalaba, une forte délégation composée de membres de l’UPR (3) et du RPG (20) et conduite par Elhadj Ousmane Bah Kourassoro, membre influent de l’UPR de la localité, s’est rendue tout dernièrement à Conakry dans le but de rencontrer les autorités pour leur expliquer le drame qu’ils ont vécu durant ces évènements et le calvaire qu’ils vivent depuis lors.
D’abord, ils ont jugé opportun de se rendre au siège du RPG, sis à Hamdallaye, commune de Ratoma. Ils n’y ont trouvé aucune oreille attentive pour les entendre. Le parti leur signifiant simplement que leur sort ne le regarde pas, alors qu’ils dégagent de là. Ne se décourageant pas, ils ont opté pour une rencontre avec le co-président de la Commission chargée de la préparation du processus de la réconciliation nationale. Leurs témoignages concordent à dire que ce dernier n’a eu ni le temps, ni la volonté de les écouter. Encore moins de les recevoir. Enfin une tentative de rencontrer le chef de l’Etat, le professeur Alpha Condé, et de lire devant lui le rapport de synthèse qu’ils avaient préparé pour les circonstances, a voué à l’échec.
Ainsi, Elhadj Ousmane Kourassoro Bah et ses camarades n’avaient que leurs yeux pour pleurer. Dépités, ils ont rejoint leurs bleds respectifs sans avoir obtenu moyen de compassion ou de
consolation. Du moins pour le moment.
Les sinistrés ont chacun une histoire tout à fait particulière. Nous relatons ici trois cas.
Elhadj Kourassoro Bah
Il est le chef de la délégation des sinistrés venus à la rencontre du chef de l’Etat à Conakry. Cet homme est victime de sa conviction politique. Lui qui a démissionné du PUP (Parti de l’unité et
du progrès), de Lansana Conté dans les années 1990 pour militer au sein de l’UFD (Union des forces démocratiques) à l’époque dirigé par Bah Oury, l’actuel Vice-président de l’UFDG (Union des
forces démocratiques de Guinée). Il suivra ce dernier lorsqu’il y a eu scission de l’UFD pour créer l’UFDG. Des années durant, c’est lui qui paiera les frais de location du siège de ce parti à
Pita, sa ville natale.
Dans un document adressé à la Coordination Haali Pular, le 24 Avril 2011, il a écrit qu’en dépit de son départ du parti de l’UFDG, parti majoritaire dans cette région de la Moyenne Guinée, pour
l’UPR (Union pour le Progrès et le Renouveau) de Bah Ousmane, il a continué à supporter les frais de location du siège de l’UFDG se chiffrant à 300.000 FG par mois. Mais le siège de l’UFDG à Pita
n’a pas échappé à la vendetta. Le bâtiment a été saccagé puis incendié tout comme deux concessions et deux véhicules appartenant à Elhadj Kourassoro Bah.
Politique, il est également un transporteur bien connu. Actuellement, il est secrétaire à l’organisation du Syndicat national des transports et mécanique générale.
Hadja Mariama Hérico Fofana
Cette dame est l’une des premières militantes du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) en Moyenne Guinée. Son adhésion date des années 92. Durant les événements du lundi 15 et mardi 16 novembre
2010, sa maison a été vidée de son contenu, décoiffée, les murs mis à ras alors qu’elle se trouvait en pèlerinage aux Lieux Saints de l’Islam. A son retour, elle a remué terre et ciel pour
obtenir un soutien en vue de relever sa maison. Impossible. Toutes ses démarches ont été vaines. Le comble, c’est qu’au cours du Forum de Pita tenu du 20 au 21 novembre, la pauvre s’est vue
traitée de folle par le préfet de Pita.
Hadja Djalikatou Bah
Femme sans histoires, bien ancrée dans l’UPR et le RPG qui forment les deux poids lourds de l’Arc-en-ciel dans la région, Hadja Djalikatou Bah est une passionnée de la politique. Pendant la
campagne, elle a été de tous les fronts. Sa résidence a été brûlée. Ses restes ont été photographiés en fin de matinée du 23 janvier 2011. Lorsque la délégation se constituait pour rencontrer le
président, elle caressait le rêve de voir une lueur d’espoir. Contre toute attente, elle apprendra à ses dépens que toutes les portes ont été fermées à la délégation.
Une si longue liste de victimes...
Un rapport établi le 5 décembre 2010 par le commandant préfectoral de la FOSSEPEL (Force spéciale de sécurisation du processus électoral), le lieutenant-colonel Amadou Oury Baldé, mentionne
les troubles enregistrés dans cette période à Pita où 96 personnes ont été sinistrées. Les statistiques font état de 1 mort, 42 blessés, plusieurs centaines de personnes déplacées, 68 bâtiments
saccagés ou incendiés, 4 conteneurs de marchandises détruits, 16 véhicules brûlés ou saccagés, plusieurs dizaines d’autres engins roulants (motos et vélos) endommagés ou
dépouillés.
Ces événements ont été enregistrés en Moyenne Guinée dans un contexte marqué par la chasse à l’homme survenue en Haute Guinée, dans les localités de Siguiri et de Kouroussa et en Guinée
Forestière dans la préfecture de Kissidougou, suite à l’affaire eau empoisonnée au Palais du peuple de Conakry répandue par les leaders de l’alliance Arc-en-ciel et soutenue par des déclarations
officielles de Jean-Marie Doré à l’époque Premier ministre de la Transition. Mais ce qui a contribué à envenimer la situation sociopolitique dans cette partie de la Moyenne Guinée, c’est sans
doute l’arrivée massive de ressortissants dépouillés de leurs biens, violentés puis chassés de Siguiri, Kouroussa et Kissidougou.
Cette situation a entraîné ipso facto des représailles contre les membres les plus célèbres des partis politiques de l’Alliance arc-en-ciel (qui a porté Alpha Condé au pouvoir). Puis, les circonstances dans lesquelles les résultats du scrutin présidentiel ont été proclamés le 15 décembre, ont fait le reste.
Tout compte fait, ces sinistrés de Labé, Pita et Dalaba, membres du RPG et de l’UPR ne savent plus à quel saint se vouer.
Ils sont très amers à cause du manque de compassion et du mépris de leurs responsables tapis au sommet de l’Etat.
Voici la liste complète de la délégation:
Elhadj Ousmane Kourasoro Bah, secrétaire à l’organisation du Syndicat national des transporteurs, chef de délégation. A l’image de Maître Sitapha Diallo et de Mamadou Baïlo Diallo, il est membre de l’UPR du ministre d’Etat Bah Ousmane. Les vingt autres membres de la délégation sont tous des militants du RPG et de la première, SVP ! Ce sont : Mory Cissé, Moussa Condé, Mohamed Diakité, Kerfala Sylla, Mamady Touré, Fassaly Souaré, Abdoul Fofana, Mamadou Danké Barry, Mamady Camara, Moussa Camara , Yala Camara , Daouda Nabé, Jacob Diawara, Souleymane Kéita, Fanta Cissé, Mariama Fofana dite Hérico, Goula Diaby, Kadé Kouyaté, Saran Camara et Thomas Gnan Mamy.
Amirou Bah
pour Le Populaire