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4 décembre 2010 6 04 /12 /décembre /2010 20:05

Suite à la proclamation des résultats définitifs du scrutin du second tour de la Présidentielle en Guinée par la Cour suprême, les uns prennent acte de cette décision, et les autres commencent à en prendre toute la mesure et les enjeux qui vont avec. Si le Professeur Alpha Condé a, pendant toute la campagne électorale, prôné le changement et la rupture par rapport aux pratiques du passé, il n’a cependant jamais exposé clairement et de manière précise et précise, le comment de cette rupture. Plus grave, il s’est approché de cadres qui ne souhaitent que la continuation du système qu’ils ont mis en place.

 

 Au-delà des mots et des déclarations de bonnes intentions, il est important ici de voir comment mettre les priorités en ordre pour meubler les 100 prochains jours du nouveau Président de la république aux affaires. En effet, le peuple a des attentes qui sont venues de plusieurs décennies  de frustrations de toutes sortes.

 

 Le défi se trouve donc dans la capacité du nouveau président à pouvoir se détourner complètement des pratiques du passé et pour ce faire, il y a un urgent besoin de voir de nouvelles figures dans la gestion des affaires publiques.

 

Cette rupture et ce changement passeront nécessairement et inévitablement par la signature d’un « pacte républicain » avec le peuple de Guinée sur une claire définition et une déclaration solennelle sur les dix (10) priorités qui devraient, à mon sens, meubler les 100 prochains jours du nouveau président :

 

De la structure gouvernementale

 

Il s’agit pou le commun des guinéens de lire clairement, à travers ladite structure un signal fort du Président pour ce qui est de son choix entre un gouvernement pléthorique au nom de l’unité nationale ou un plus restreint composé de technocrates pour mettre le pays sur les rails. Cette première action montrera si la priorité est donnée au dosage ethnique et politique, habitude du passé, ou bien à la compétence, signe de rupture ;

 

De la déclaration du patrimoine

 

Chaque Ministre devra faire sa déclaration publique de patrimoine avec un inventaire des biens qu’il trouve sur place et in autre inventaire à sa sortie du gouvernement. Par cette même occasion, il sera question de clarifier les choses sur les fonds d’installation attribués habituellement à chaque Ministre qui arrive et dont les coûts se volatilisent sans contrôle ;

 

Des lettres de mission et objectifs

 

Il est question de rompre avec les pratique du passé pour le président, en présentant le plus rapidement que possible son discours de politique générale pour permettre à chaque Ministre de recevoir une lettre de mission et des objectifs clairs et précis dans une perspective de court et moyen terme. De ces lettres et objectifs, le commun des guinéen saura l’orientation que le nouveau Président veut donner à on mandat dans la gestion des affaires ;

 

De l’audit des deux (2) dernière années (décembre 2008 à décembre 2010)

 

Dans un objectif de faire l’état des lieux et de savoir sur quelle base le nouveau Président prendra le départ, il est primordial de savoir clairement qu’elle est la situation qui prévaut. Il s’agira de faire cet état des lieux sous trois formes :

 

• La situation des finances et le niveau d’exécution des budgets durant cette période d’exception et de s’assurer que les fonds qui ont été alloués ont eu la meilleure utilisation;

• La pertinences des politiques et l’adéquation des procédures par rapport aux exigences et besoins du Ministère, ainsi que l’assurance du suivi desdites politiques et procédures dans la gestion au quotidien des opérations du département ;

• La conviction que les ressources matériels, financières et humaines mises à dispositions dans le département permettent aux uns et aux autres d’assurer l’exécution de la mission et la pleine atteinte des objectifs assignés à ce département

 

Du cas de Moussa Dadis Camara

 

Au nom de la réconciliation nationale, le nouveau Président est tenu de dire clairement au peuple de Guinée, quel sort il réserve au Président du CNDD. Si les accords de Ouagadougou ne disent aucun mot sur ce dossier, il est important que le Président de la République se prononce sur la question. C’est cela aussi le sens de la responsabilité et de la maturité qui incombera au premier magistrat du pays ;

 

De la gestion du parc automobile

 

Depuis le 23 Décembre 2008, avec l’arrivée du CNDD aux affaires, l’opinion nationale a constaté le pillage systématique de tous les garages du gouvernement, entraînant ainsi une distribution anarchique de véhicules entre les militaires et autres hauts cadres de l’administration. Un certain nombre de ces véhicules qui roulent encore sans plaques d’immatriculation sont devenus privés et les autres son passés dans des procédure de réformes illicites au sein de ministères ;

 

De la gestion du patrimoine bati public

 

De manière désordonnée et purement arbitraire, le CNDD et son chef avait procédé à l’inventaire de ce patrimoine, au déguerpissement et à la destruction de certains édifices au nom de la récupération des biens de l’Etat. De manière générale, on s’est retrouvé dans une situation où il a été question de déshabiller Paul pour habiller Pierre. Il s’agira désormais, en toute objectivité et en toute transparence d’inventorier les bien de l’Etat et d’y mettre les formes pour leur récupération ;

 

De la réduction du train de vie de l’Etat

 

Il est certain que depuis des décennies, l’Etat guinéen vit au dessus de ses moyens, particulièrement depuis les évènements de Janvier et Février 2007 avec les gouvernement successifs d’union nationale ou de large ouverture avec une pléthore de Ministères. Cet état de fait s’est accentué depuis l’arrivée du CNDD avec des sortis d’argents fantaisistes et sans aucun contrôle. Il sera question de mettre fin à certaines dépenses farfelues qui n’ont aucun sens ;

 

De la Gestion des Effectifs de la Fonction Publique


Des fictifs dans l’administration, c’est certain. Un taux énorme d’absentéisme de plus ou moins longue durée, c’est évident. Il sera non seulement question de réformer cette administration, pour la rendre plus moderne, plus réduite et donc plus efficace, mais aussi et surtout, identifier les besoins réels de cette administration pour une meilleure performance dans les action. Pour ce faire, deux mesures seront à envisager :

 

• La purification du fichier en radiant les fictifs ;

• Le dégraissage et le rajeunissement de l’effectif

 

De la Restructuration des Forces de Défense et de Sécurité

 

Il est clair que si le pays fait face à un problème que beaucoup de spécialistes considèrent le plus crucial dans la gestion des affaires publiques, il s’agit bel et bien de celui de la grande muette. Cette réalité prévaut particulièrement depuis un certain 23 décembre 2008. Il est bien vrai que depuis les accords de Ouagadougou, il a été question de parler de restructuration qui inclut formation et encasernement.

 

Si l’on voit les traces de la volonté d’encasernement avec la rénovation des différents camps militaires, il reste des question quant à la qualité de la formation des ces hommes en uniforme dont les actes restent très flous aux yeux de la population.

 

Au-delà donc de ce processus de restructuration, il sera question de voir et de prendre conscience que les coûts des forces de défense et de sécurité représente une part importante du budget national et que par conséquent, une réforme est indispensable pour bâtir une armée mieux adaptée à son époque et plus professionnelle, afin qu’elle joue pleinement son rôle dans une démocratie moderne.

 

Il reste entendu que les 100 jours qui sont définis ne commenceront qu’à partir de la date d’investiture, en espérant que cette cérémonie de remise officielle du pouvoir au nouveau Président se passe dans les meilleurs délais par le Président de la Transition et les militaires qui sont autour de lui.

 

La volonté de rupture avec les pratiques du passé est sur toutes les lèvres et dans tous les foyers guinéens. Le défi aujourd’hui est de pouvoir concrétiser cette volonté par des actes précis et réels.

 

Il revient donc au nouveau Président de se donner les moyens et surtout, de s’entourer d’hommes et de femmes susceptibles de lui permettre  une meilleure atteinte de ses objectifs dans une perspective d’un délai raisonnable.

 

 Les 100 jours de tous les dangers ! Ou ça passe, ou ça casse !

 

Mamadou Barry

Analiyste financier

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