A chaque coin de rue de Kaloum, l’on a assisté hier dans l’après-midi à de
curieuses immolations de bœufs dont les auteurs, nous dit-on, sont de la galaxie présidentielle : à peine la gorge tranchée, la bête est jetée à la merci, pas des vautours, mais… de groupes de
jeunes que d’aucuns appellent poliment « badauds », de par la hargne avec laquelle ils se jettent sur cet abattage bizarre.
Enduits de sang suite à la bagarre, ces jeunes – l’on a déploré l’absence remarquée des familles Barry, Keita, etc. qui ont souvent eu des palmes d’or dans ces occasions irrationnelles – traînent leurs proies presque de quartier en quartier. Les passants regardent, ahuris. Et bonjour les commentaires. « C’est pour exorciser les démons à l’origine desquels les législatives ne se tiennent toujours pas, faute de compromis », peste un chauffeur, à bord d’un taxi en partance pour la haute banlieue de la capitale.
« Les pratiques d’immolation de bœufs pour conjurer un mauvais sort sont très courantes en Guinée. Du temps de feu général Lansana Conté, c’était du côté de Hamdallaye-Bambéto-Coza que des bérets rouges débarquaient nuitamment pour procéder à des abattages d’animaux. Jusqu’au jour où des jeunes révoltés ont tout simplement mis le feu à un des malheureux bœufs au beau milieu du rond-point de Bambéto », rappelle un confrère, habitué à ces scènes ubuesques.
Pendant que le sang des bêtes coulait en pleine capitale, des leaders politiques, les facilitateurs dans la crise guinéenne, etc., chercheraient désespérément à accorder leurs violons. La suite ? Que du temps perdu. Ce samedi, une folle rumeur persistante fait état du maintien de la date du 24. Info ou intox ? La fin de la journée nous édifiera.
T. F. Sow
pour GuineeActu
