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23 février 2011 3 23 /02 /février /2011 19:59

dollar-pile_01.jpgIbrahima Cherif Bah, ancien gouverneur de la Banque centrale de la République de Guinée doit à l’Etat guinéen 10.000.000 de dollar US, selon la liste des débiteurs de l’Etat publiée par le ministre guinéen de l’Audit… Ce que réfute l’ex gouverneur de la Bcrg dans un Mémo publie dans Guineenews. Lisez…

  

Mémorandum a mes compatriotes guinéens

 

Mes chers compatriotes,

 

J’ai l’habitude d’observer une obligation de réserve étant donné certaines hautes fonctions stratégiques que j’ai occupées et de ne parler ou d’écrire que quand on me le demande. Permettez-moi cependant, cette fois-ci, de m’adresser à vous à travers les médias écrits car la publication de la liste des débiteurs de l’Etat Guinéen m’oblige à le faire.

 

Premièrement: Il s’agit du transfert de 10 millions de dollars effectué il y a quatorze ans quand j’étais Gouverneur de la Banque Centrale. J’ai toujours expliqué et je le répète encore que j’ai exécuté une Instruction Stratégique du Premier Magistrat de la Nation et tous les documents sont à la BCRG dans des archives bien conservées. Ce n’est nullement une opération cachée car pour faire un tel transfert, la chaine administrative de décision à la B.C.R.G peut impliquer jusqu’à 5 cadres et agents. Cependant, je dois tout de suite préciser que ni mon adjoint à l’époque, ni les autres cadres et agents y compris celui qui gère les codes secrets de transactions ne sont responsables puisqu’ils ont exécuté mes instructions dont la source légitime est d’un plus haut niveau.

 

Deuxièmement : Pour parler d’audit, permettez-moi de préciser que mon institution, la B.C.R.G à l’époque a été la première à avoir été soumise à un Audit international indépendant par des Auditeurs sélectionnés par le FMI et la Banque Mondiale (Les Institutions de Bretton Woods). Le Ministre de l’Economie et des Finances de l’époque m’a beaucoup aidé pour convaincre le Chef de l’Etat d’accepter qu’une Institution souveraine relevant directement de son Autorité soit auditée internationalement. Nous n’avons pas eu beaucoup de peine à le persuader et le premier audit dont le rapport est sorti en l’an 2000 et qui avait couvert les exercices 1998 et 1999 a permis par ses conclusions à la Guinée de consolider ses relations formelles avec les Institutions de Bretton Woods. Donc depuis ce temps jusqu’à maintenant, je crois que la B.C.R.G est auditée chaque année. En tout cas, j’affirme pour ma part que toute ma gestion a été auditée et chaque année, un rapport circonstancié est dressé.

 

Troisièmement : Toutes les années que je suis resté à la B.C.R.G, personne ne m’a demande quelque chose à propos de ce dossier. Cinq ans après mon départ, aucune interrogation. Il a fallu la disparition du Président CONTE (que son Ame repose en Paix) pour que l’on me pose des questions sur ce transfert. Pour les Guinéens qui ont pu être alimentés en énergie électrique début Avril 2009, lors d’un des fameux Dadis shows , j’ai affirmé et je réaffirme encore aujourd’hui qu’aucun cadre ou agent de la B.C.R.G , du planton à N’Zérékoré au Gouverneur à Conakry, personne n’a vu un centime de ce montant. Le chef de la Junte a dû faire ses recoupements à l’époque. D’ailleurs, en 2006, bien après que j’ai quitté mes fonctions, les auditeurs indépendants, voyant ce montant subsister dans les livres d’année en année, ont tout simplement recommandé de le régulariser en tant que dépense de l’Etat. Ceci n’a pu être fait à l’époque à cause certainement de la position très dégradée du Trésor auprès de la Banque Centrale. Cette proposition a été faite par des experts avec lesquels je n’avais aucun contact et que je ne connais pas. Ils ont été juste guidés par la logique des écritures comptables.

 

Je dois être totalement transparent envers vous pour vous dire que dans la période du 24 Décembre 2009 au 14 Janvier 2010, c’est à dire au moment où notre pays n’avait aucune Autorité légitime, puis que le Général Konaté n’était pas encore installé, des personnes mal intentionnées voulant régler des comptes avaient commencé des démarches pour me réclamer des fonds soi-disant dus. Comme nous l’enseigne le Prophète (p.s.l), face à des ennemis mieux armés, j’ai dû m’éloigner d’eux pour un certain temps. Je comprends donc pourquoi mon nom apparaît brusquement sur une liste de débiteurs de l’Etat aujourd’hui avec des montants faramineux.

 

Quatrièmement : Il est également indique dans la liste des débiteurs que je suis solidairement avec personne que moi-même responsable de 6,050 milliards de Francs Guinéens (six mille milliards cinquante millions de Francs Guinéens) à cause d’une Société Global Ressources. Ceci m’a beaucoup surpris car je ne connais ni cette Société ni rencontré un de ses mandataires à aucun moment. Je n’ai aussi jamais reçu ou donné instruction pour faire un payement quelconque en faveur de cette entité. Je renvoie les auteurs de cette liste à revoir les dossiers de base à la B.C.R.G et à indiquer avec précision qui a fait cela. Est-ce que c’est ma gestion? Ou alors plait-il aux gens de mettre des montants en face de mon nom de manière aussi gratuite? Pourquoi ne pas indiquer les noms des personnes vraiment concernées? Veut-on induire le Ministre des audits en erreur? Ceci n’est pas acceptable d’autant plus qu’aucun auditeur ne m’a posé une question sur cette affaire. Je réserve donc mes droits sur cette grave et inacceptable diffamation.

 

Ceci m’amène d’ailleurs à me demander ou à demander aux auditeurs si les fameux bons B.C.R.G ont été recouvrés et que sont devenues les 8 tonnes d’or fin que j’ai laissées à la banque quand j’ai quitté en Mars 2004 ?

 

En 2009, un fin connaisseur de la B.C.R.G dont il est un des cadres disait après le Dadis show dont j’ai parlé plus haut « Monsieur le Gouverneur, si on ne vous félicite pas, on devait au moins vous laisser tranquille». En effet, mes chers compatriotes, j’ai pris beaucoup de risque à la B.C.R.G pour protéger la valeur de la monnaie nationale. Comme on dit couramment, je me suis couché à mon corps défendant devant le char qui allait broyer la Banque. J’ai pris des positions par écrit et j’ai suscité des réunions au plus haut niveau pour parler des problèmes de la B.C.R.G. Le Ministre Secrétaire Général à la Présidence actuel, à l’époque Premier Ministre fraichement nommé et l’un des Conseillers du Chef de l’Etat aujourd’hui dont l’encre de prise de service comme Ministre de l’Economie et des Finances de l’époque n’avait même pas fini de sécher ont tous les deux été avec moi des témoins directs du type de pression subie à l’époque. Ils ont dû comprendre aisément que mon successeur et ami ait eu de graves problèmes de santé plus tard. Quant à moi, je suis sûr que mes prises de position m’ont valu un départ rapide à la retraite, en fait un licenciement.

 

Je suis actuellement en dehors du pays, occupé à finaliser certains contrats de consultant après plusieurs mois d’interruption. Je ne voudrais pas que mes compatriotes croient que cette situation va me forcer à un exil. Jamais cela. Je ne conçois pas vivre longtemps en dehors de mon pays qui est pour moi le meilleur au monde. En 1983 après mes études post-universitaires aux Etats-Unis, mes amis encouragés par mes résultats universitaires avaient décroché un emploi pour moi. J’ai décliné l’offre et je suis rentré au pays d’autant plus que j’étais le premier boursier et le premier diplômé du programme Halco Mining. Dans notre pays, ma plus grande fierté n’est pas ce que j’ai contribué à faire au Ministère des Finances ou à la Banque Centrale, mais la participation à la formation de notre jeunesse dans les années, que je considère comme les années les plus terribles de la vie de notre peuple. Parmi ces étudiants, il y a déjà eu 8 ministres et plusieurs chefs de services centraux de notre administration. Ce sont eux plus mes amis et les membres de ma famille et vous-mêmes qui sont mes vrais juges car comme disait le griot : «Oh Fama, que Dieu laisse toujours quelqu’un qui te connaît et peut parler de toi en ton absence ».

 

Plus le temps passe, plus on se rapproche d’une situation quelque peu surréaliste et pour paraphraser un sociologue, « le vainqueur n’a pas de compte à rendre tandis que le vaincu doit s’expliquer». Dans l’Etat de droit que nous ambitionnons de renforcer, je défendrai mes droits pour que mon honneur et ma crédibilité restent intacts.

 

Je vous remercie du temps que vous avez pris pour cette lecture.

 

Ibrahima Chérif Bah

Ancien Gouverneur de la B.C.R.G

 

Source: Guineenews


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